Extrait Dossiers de l'Art
30 / DOSSIERS DE L’ART 310 L’aporie encore, le paradoxe toujours… Peintre d’histoire par vocation, par élection, Ingres afficha pour le portrait, genre « mineur » dans lequel il excella d’emblée (et où il se savait exceller), un dédain où transpire la hantise de ce perfectionniste de devoir se colleter avec un exercice qui l’exposait et dont il mesurait la difficulté. PAR ALEXIS MERLE DU BOURG L E dessin avant toute chose, car la magie du portrait ingresque est d’abord affaire de dessinateur. En matière d’acuité graphique, Ingres n’a sans doute guère de rival dans l’histoire de l’art, à l’exception peut-être des grands maîtres de la Renaissance germanique comme Hans Holbein le Jeune auquel l’unit une sorte de cousinage dans le culte de la perfection linéale. Réunis par la justesse de l’œil et par une main paraissant infaillible, l’un et l’autre parviennent à contraindre la foisonnante versatilité de l’être et à l’emprisonner entre les lignes, tendues à la manière d’un filet, d’un dessin incisif. Vingt ans, presque exactement, séparent deux feuilles magistrales : l’effigie des deux filles du comte Sandwich sur fond de paysage romain et celle d’Élise Dosne, à peine plus âgée que les sœurs n J.A.D. Ingres, Les Sœurs Montagu, filles du comte de Sandwich sur un paysage vu de l’Aventin , 1815 Mine de plomb et lavis, 34,9 x 27,1 cm Collection particulière © History and Art Collection / Alamy banque d’images n PAGE DE DROITE. J.A.D. Ingres, Madame Duvaucey , 1807. Huile sur toile, 76 x 59 cm Chantilly, musée Condé. Photo service de presse © RMN (domaine de Chantilly) – A. Didierjean portraitiste Les paradoxes du
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