Extrait Dossiers de l'Art

➤ L’exposition prend pour point de départ les liens unissant J.A.D. Ingres à la famille d’Orléans, fidèle soutien de l’artiste. Pouvez-vous nous rappe- ler dans quelles conditions ces rela- tions se sont nouées ? Nicole Garnier-Pelle : Au cœur de l’ex- position se trouvent d’abord les rela- tions tissées entre Ingres et le prince royal, frère aîné du duc d’Aumale. C’est par ce dernier, en effet, que le peintre entre dans la famille, si l’on peut dire, à travers une commande qui lui est passée dès 1833 : celle de la Stratonice . Ingres, alors à Rome, ne livrera l’œuvre qu’en 1840 ; entre- temps, le prince achète donc un autre tableau du peintre, Œdipe explique l’énigme du Sphinx , que le Louvre a prêté pour l’exposition. Enfin, le prince royal confie son portrait à Ingres quelques mois avant de mourir ; sa disparition brutale le 13 juillet 1842 va faire de l’artiste le dernier portraitiste du prince, et de ce portrait une icône qui sera répétée à l’envi. Peu après, la famille royale commande à l’artiste les cartons des vitraux des différentes chapelles funéraires et familiales. De son côté, le duc d’Aumale, futur donateur de Chantilly à l’Institut de France, commence à s’intéresser à Ingres en collectionneur. À la mort de son oncle et beau-père, le prince de Salerne, en 1854, il acquiert la collec- tion de ce dernier, où figure un petit tableau de jeunesse d’Ingres, peint à Rome en 1814 pour Caroline Murat, reine de Naples et sœur de Napoléon. Plus tard, en rachetant en 1879 la col- lection de Frédéric Reiset, directeur des Musées nationaux, il devient pro- priétaire de l’ Autoportrait à l’âge de 24 ans , du portrait de M me Duvaucey et de la Vénus anadyomène . Ainsi se trouve réuni à Chantilly un ensemble de tableaux illustrant toutes les périodes de création d’Ingres : la jeunesse, les années romaines, les années de consécration au cours desquelles Ingres est directeur de la Villa Médicis, la carrière parisienne et les dernières années. C’est à partir de ces cinq œuvres majeures que l’expo- sition s’emploie à retracer la longue carrière du peintre. n J.A.D. Ingres, Ferdinand Philippe d’0rléans, prince royal , 1842 Détail. Huile sur toile, 158 x 122 cm Paris, musée du Louvre Photo service de presse © Musée du Louvre, dist. RMN – A. Dequier DOSSIERS DE L’ART 310 / 5

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