Extrait Dossiers de l'Art

42 / DOSSIERS DE L’ART 310 technique de monsieur Ingres La technique de Jean Auguste Dominique Ingres compte parmi les plus sophistiquées de tout le XIX e siècle. Il arrive que l’on définisse son art comme celui d’un peintre académique et bourgeois, ce qui est en partie vrai, mais c’est oblitérer la personnalité complexe d’un maître dont les œuvres à la perfection glacée voilent à peine un tempérament bouillant et une grande sensualité. PAR BRUNO MOTTIN , CONSERVATEUR GÉNÉRAL DU PATRIMOINE, CENTRE DE RECHERCHE ET DE RESTAURATION DES MUSÉES DE FRANCE (C2RMF), PARIS I ngres bénéficie tout jeune d’un environnement favorable à son art. Son père, qui est peintre, sculpteur et musicien, l’ins- crit dès l’âge de 11 ans à l’Académie royale de peinture et de sculpture de Toulouse où il reçoit les bases d’une formation imprégnée par le néoclassicisme et développe d’extraordinaires dons de dessinateur. À 17 ans, il « monte » à Paris pour entrer dans l’atelier de Jacques Louis David afin de poursuivre la longue formation qui le mène au fameux concours du grand prix de Rome, qu’il remporte en 1801 et qui lui ouvre à la fois les portes de l’Italie et celles d’une belle carrière. Mais il n’aime guère l’art de David, trop corseté par l’Antiquité romaine. Il s’intéresse plutôt au préromantisme, à la peinture troubadour, à l’art de la première Renaissance italienne jusqu’à Raphaël, ainsi qu’à l’art grec. [Il] effaçait souvent, n’était jamais satisfait, pleurait comme un enfant devant sa toile… Amaury-Duval, L’Atelier d’Ingres , 1878 L’impeccable

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