Extrait Dossiers de l'Art

32 / DOSSIERS DE L’ART 306 La Tenture des Valois UN CYCLE RARE ET PRESTIGIEUX La Tenture des Valois , chef-d’œuvre insigne de l’histoire de la tapisserie, couvre environ 140 m 2 . Elle figurait dans la dot de Christine de Lorraine, qui l’avait reçue de sa grand-mère, Catherine de Médicis. Elle doit être reconnue comme cette suite décrite à fils d’or « a figure, et fregio a grottesche et altro » citée en 1589, au moment du mariage de la fille aînée de Charles III de Lorraine avec Ferdinand I er de Médicis. On s’accorde aujourd’hui à penser que Catherine de Médicis en est la commanditaire. Ce magistral ensemble a été mis en relation avec six dessins réalisés par Antoine Caron au temps de Charles IX, vers 1573-1574. Peut-être ceux-ci étaient- ils liés à un premier projet qui aurait été compromis par la disparition du roi. Le cycle est entièrement repensé sous son successeur Henri III. Au moment du tissage, les compositions prennent une autre ampleur, reléguant les scènes de festivités à l’ar- rière-plan au profit d’une galerie d’effigies des puis- sants du royaume, représentés grandeur nature, en pied, au premier plan. Les lissiers bruxellois char- gés de la réalisation des cartons devaient avoir une documentation graphique riche et variée, compre- nant sans doute les feuilles de Caron ou des copies, ainsi que des portraits gravés ou dessinés. On situe le tissage entre février 1575, au moment où Henri III monte sur le trône, et la fin des années 1570, comme le confirme la mode vestimentaire, notamment celle n Jean Decourt (atelier de), Portrait de Louise de Lorraine, reine de France , vers 1575 Pierre noire, sanguine, pastel, rehauts d’aquarelle sur papier, 32,5 x 22,4 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France © BnF n PAGE DE DROITE. Antoine Caron (d’après), ateliers de Bruxelles (Willem de Pannemaker ?), Fontainebleau , fin des années 1570. Tapisserie de basse lisse, laine, soie, or et argent doré, 395,5 x 338 cm. Florence, galerie des Offices © Domingie & Rabatti / La Collection