Extrait Dossiers de l'Art

68 / DOSSIERS DE L’ART 306 L’héritage d’Antoine Caron AU XVII e SIÈCLE La mort d’Antoine Caron en 1599 n’a pas interrompu le fil de son influence, déterminante, sur la production française, prolongée à travers le filtre du caronisme jusqu’au XVII e siècle. Son héritage iconographique et formel s’observe encore plus de cinquante après sa disparition. On perçoit très nettement la trace de cette influence dans les documents conservés de l’époque. L’inventaire après décès de Nicolas Leblond (1610), peintre ordinaire du roi, portraitiste réputé à la cour d’Henri III et Henri IV, fait état d’un grand nombre de numéros liés à Caron. On relève ainsi sept tableaux de ce dernier : deux Triomphes de la Paix , deux Vénus , un Jugement dernier , un Amour dor- mant , une Mort de la femme de Sestos . S’y ajoutent quatre-vingt-dix dessins de la main de l’artiste. Au total, c’est le nom qui revient le plus dans le docu- ment. Cette quantité importante d’œuvres asso- ciées à Caron s’explique par le fait que Leblond est aussi originaire de Beauvais ; les liens pourraient ainsi remonter à une période précédant l’installation des deux peintres à Paris, où ils ont eu l’occasion au moins une fois de collaborer à une commande prestigieuse. En effet, c’est Leblond qui réalise les modèles pour les portraits du retable de l’ordre du Saint-Esprit commandé à Caron en 1581. Cet exemple est intéressant, en outre, car il témoigne de la diversité du métier de peintre à la Renaissance. Leblond réalise en effet des tableaux dont certains sont originaux tandis que d’autres reprennent des compositions à la mode. C’est aussi un marchand actif, notamment à la foire Saint-Germain où il pré- sente jusqu’à quatre loges. Des œuvres de Caron sur le marché et dans les ateliers En ce début de XVII e siècle, l’actualité de Caron reste vive, même si l’artiste s’est éteint en 1599 à l’âge de 78 ans. Plusieurs projets inventés ou coor- donnés par le peintre aboutissent alors. Le portrait gravé d’Henri IV par Gijsbert van Veen est commer- cialisé en 1600, La Crucifixion de Nicolas de Bruyn l’année suivante, au moment de l’achèvement de n Ambroise Dubois, Histoire des amours de Théagène et Chariclée. Le Cortège des Thessaliens et de Chariclée lors du sacrifice , vers 1610. Détail. Huile sur toile, 162 x 238 cm Fontainebleau, musée national du château © Château de Fontainebleau, dist. RMN – T. Ollivier

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