Extrait Dossier de l'Art

54 / DOSSIERS DE L’ART 304 James ENSOR l’inclassable James Ensor (1860-1949) est avant tout un coloriste d’exception et l’un des grands peintres réalistes du XIX e siècle. Ce sont pourtant ses fameuses peintures de masques et ses per- siflages grotesques qui lui ont valu le succès et sont devenus sa marque de fabrique. Motif favori du peintre, le masque n’est pas chez lui un symbole, mais plutôt l’expression de – et le moyen de démasquer – la nature tantôt ridicule tantôt malveillante de l’homme. PAR HERWIG TODTS n James Ensor, Le Squelette peintre , 1896 Huile sur panneau, 37,5 x 45,3 cm Aux alentours de 1900 Ensor était une véritable star dans les milieux lit- téraires parisiens, célébré notamment par l’écrivain Jean Lorrain, grand défenseur des artistes décadents. En Belgique, dans ces années-là, les jeunes artistes, parmi lesquels Rik Wouters et ses amis, et les collec- tionneurs bruxellois et anversois redécouvraient surtout les tableaux réalistes du début de sa carrière, tandis qu’en Allemagne artistes et critiques saluaient le caractère novateur de sa peinture. Alfred Kubin, Paul Klee, Emil Nolde, Ernst Ludwig Kirchner, Georg Grosz, Herbert von Garvens-Garvensburg ou Wilhelm Fraenger considéraient que « le peintre des masques » rompait radicalement avec les valeurs et tradi- tions artistiques de l’Europe occidentale. Aujourd’hui, ses œuvres sont achetées dans le monde entier par les grands musées d’art moderne, notamment aux États-Unis, en Allemagne et au Japon.

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