Extrait Dossier de l'Art

DOSSIERS DE L’ART 303 / 5 ment des cabinets privés dans toutes les résidences royales et d’un mode de vie en conséquence pour la cour. L’institution des soupers de cabinets, en particulier, est en totale rupture avec le règne de Louis XIV, qui sou- pait en famille avec quelques cour- tisans. Louis XV, lui, choisissait qui il voulait autour de lui. En complément, il nous a paru indispensable de consa- crer une section au Parc aux Cerfs, cet épisode d’une dizaine d’années au cours duquel Louis XV a mené une vie privée que l’on ne peut cautionner en aucune façon, mais qui est révéla- trice d’un aspect de sa personnalité. Sur un plan strictement événemen- tiel, il était inévitable de s’intéresser, enfin, à l’attentat de Damiens tant il a eu de répercussions psychologiques sur le roi. D’abord c’était un crime de lèse-majesté et un crime contre Dieu. En outre, le procès a été instruit par le parlement de Paris, ce qui lui a donné une dimension politique. Pour le règne comme pour Louis XV, il y a un avant et un après Damiens. ➤ L’exposition est centrée sur l’homme que fut Louis XV plutôt que sur le souverain, et la première grande partie se consacre à cette dimension « privée ». Dans ce des- tin où public et privé se superposent souvent, quels événements biogra- phiques vous semblaient devoir être évoqués pour servir ce propos ? Yves Carlier : Dans cette première grande partie, nous souhaitions tenter d’expliquer qui était Louis XV et des- siner les grands traits de sa personna- lité. D’emblée, l’évocation de l’enfance s’est évidemment imposée, car il nous fallait rappeler comment et par qui il fut formé, qui l’accompagna durant ses années de jeunesse. D’une façon générale, y compris lorsqu’on évoque sa vie adulte, l’entourage du roi, fami- lial et non familial, amoureux mais aussi amical, nous a paru une ques- tion majeure. L’une des choses qui frappent en effet chez Louis XV, c’est qu’il a constamment cherché à s’en- tourer d’un cercle d’intimité, ce qui a eu comme corollaire le développe- Trois siècles après son sacre et son installation à Versailles, Louis XV est de retour au château par le biais d’une vaste et ambitieuse exposition qui s’attache à évoquer et à comprendre l’homme dissimulé derrière le souverain. Par la réunion spectaculaire de près de 400 œuvres, objets et documents, elle nous convie à la découverte de la personnalité d’un roi silencieux, qui aimait à s’entourer de ses intimes, et des passions qu’il cultiva au plus haut degré, en partie pour tromper sa mélancolie. Outre son goût pour la physique et l’astronomie, la chasse et l’architecture, le public le verra aussi au milieu des arts de son temps et des chefs-d’œuvre de la rocaille qui ornaient son quotidien. ENTRETIEN AVEC YVES CARLIER ET HÉLÈNE DELALEX, COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION. PROPOS RECUEILLIS PAR ARMELLE FAYOL n CI-DESSUS. Augustin Duflos et Claude- Laurent Rondé, couronne de Louis XV, Paris, 1722. Argent partiellement doré, fac-similés en cristal de roche (diamants) et verre (rubis, émeraudes, saphirs, topazes, perles), satin brodé, H. 24 ; diam. 22 cm Paris, musée du Louvre. Photo service de presse © Musée du Louvre, dist. RMN – M. Beck-Coppola n PAGE DE GAUCHE. Nicolas de Largillière et atelier (attr. à), M me de Ventadour avec le roi Louis XIV et ses héritiers , vers 1715. Huile sur toile, 127 x 161 cm. Londres, Wallace Collection. Photo service de presse © Château de Versailles – C. Fouin

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