Extrait Dossier de l'Art

DOSSIERS DE L’ART 302 / 15 « Il y a lieu d’insérer ici les artistes dont le pinceau s’est illustré dans des genres picturaux mineurs, parmi lesquels il y eut Piraeicus. Inférieur à peu de peintres par la technique, peut-être s’est-il déconsidéré par le sujet traité, puisque, assu- rément, il recherchait des sujets bas ; néanmoins, dans ce genre bas, il a atteint le sommet de la gloire. Il a peint des boutiques de barbiers et de cordonniers, de petits ânes, des victuailles et d’autres sujets du même ordre — il fut pour cela surnommé le « rhyparographe » (peintre d’objets vils) —, faisant montre en cela d’un choix fort habile, car ces tableaux furent vendus plus cher que les plus grands sujets de nombreux peintres 1 . » Dans son histoire de la peinture, Pline, au I er siècle de notre ère, passe en revue les peintres du passé et leurs spécialités. Pour Piraeicus, il invente un terme inconnu par ailleurs, « rhyparo- graphe », et le distingue des peintres de « grands sujets », ceux qui traitent de la mégalographie (ce terme étant lui-même sujet à discussion). Dès l’origine, la question se pose donc du nom approprié à ce genre pictural mineur, laquelle continuera de faire débat en Europe entre le XV e et le XVIII e siècle, comme en témoignent les expressions cose naturali , « banquets », still leven , Stilleben , « nature reposée », still life , « nature inanimée », « nature morte ». n Représentation de grives et de champignons, Herculanum, maison des Cerfs, milieu du I er siècle ap. J.-C. Peinture murale, 37 x 41 cm. Naples, Museo Archeologico Nazionale © La Collection – L. Pedicini AUX origines D’UN GENRE PICTURAL Si les choses furent représentées dès la Préhistoire, la période antique nous est mieux connue grâce au double éclairage des œuvres conservées et des précieux textes de Pline, Pausanias ou Philostrate. La figuration des denrées, mets ou reliefs de repas paraît obéir à des codes associés aux usages domestiques des rites et des offrandes. PAR HÉLÈNE ERISTOV

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