Extrait Dossier de l'Art

56 / DOSSIERS DE L’ART 301 EDVARD MUNCH ET LA NAISSANCE DE la modernité PAR GUITEMIE MALDONADO Comme le montrent ses écrits, Edvard Munch était remarquablement conscient que l’entre-deux-siècles appelait à fonder un art nouveau et soucieux de contribuer à réfléchir et agir en ce sens. S’il figure dans l’historiographie des débuts de la modernité et dans ses événements fondateurs, c’est qu’il a marqué l’époque de sa singularité sans renoncer à œuvrer avec d’autres pour l’émancipation de l’art. En 1939, en marge de la New York World’s Fair, le Museum of Modern Art de New York organise l’exposition « Art in Our Time », avec pour objectif de présenter « l’art vivant de notre temps et ses sources », cet art dont le musée, sous la houlette de son directeur Alfred Barr, a commencé à écrire l’histoire une décennie plus tôt. Dans le catalogue, Edvard Munch apparaît, dans la section consacrée à la peinture européenne de la fin du XIX e siècle, parmi les représen- tants d’un expressionnisme étendu, Vincent Van Gogh et James Ensor, Emil Nolde, Ernst Ludwig Kirchner, Max Beckmann, Chaïm Soutine et Oskar Kokoschka, Henri Matisse et Georges Rouault. Une lithogra- phie en couleurs d’ Anxiété (1896) partage une salle dédiée aux arts graphiques avec des œuvres de certains de ces artistes et de Käthe Kollwitz, Henri de Toulouse- Lautrec ou encore Pablo Picasso. Issus de différentes générations, tous dessinent ensemble le visage d’une modernité née dans les dernières décennies du XIX e siècle et affirmée, revendiquée même, depuis le début du XX e . N’oublions pas que Munch est né en 1863, quinze ans après Paul Gauguin qu’il admirait profondément et dix-huit ans avant Picasso, qu’il est décédé en 1944, comme les pionniers de l’abstrac- tion Kandinsky (né en 1866) et Mondrian (né en 1872), que sa vie est pratiquement n Danse sur la plage , 1899-1900 Huile sur toile, 99 x 96 cm Prague, Národní Galerie © Bridgeman Images

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