Extrait Dossier de l'Art

DOSSIERS DE L’ART 298 / 67 À L’AVANT-SCÈNE DES ANNÉES 1920 Sous la république de Weimar, l’image de la femme se métamorphose. Si la Nouvelle Objectivité contribue à cette émancipation, l’historiographie a encore peu mis en lumière l’impor- tance des femmes dans la fabrique de l’art nouveau, à l’exception des domaines du cinéma, de la mode et de la danse où des figures emblématiques ont accédé à la postérité. L’exposition du Centre Pompidou entend notam- ment combler cette lacune. Le 12 novembre 1918, l’armistice à peine signé, les femmes obtiennent le droit de vote en Allemagne. Une avancée cruciale, fruit de longues luttes où militantes socialistes et militantes bourgeoises ont uni leurs forces. Cette nou- velle conquête pour l’égalité amorce une émancipation qui irrigue l’ensemble de la société. L’accès croissant à des activités jusque-là réservées aux hommes entraîne un changement des valeurs morales et une nouvelle per- ception de soi chez les femmes. Le mouvement Dada a participé de façon radicale à cet élan d’émancipation, mais ce sont surtout les années 1920 qui voient émerger une manière différente d’être pour les femmes, dont le rôle ne se limite plus à celui de fille, de mère ou d’épouse. Les magazines illustrés diffusent en masse l’image d’une femme sportive et androgyne : son assurance, ses cheveux courts, ses vêtements confortables, parfois même portant le pantalon et la cravate. Cette « nouvelle femme », deve- nue l’icône de la république de Weimar, apparaît dans les œuvres de la Nouvelle Objectivité, dans les romans, sur les scènes de théâtre, au cinéma ou dans la peinture. L’actrice américaine Louise Brooks interprète des rôles de jeune Q Louise Brooks dans Die Büchse der Pandora [titre français : Loulou ] de Georg Wilhelm Pabst, d’après Die Büchse der Pandora et Erdgeist de Frank Wedekind, 1929. Collection Christophel © Nero Film AG