Extrait Dossier de l'Art

DOSSIERS DE L’ART 296 / 49 L’essor, au sortir du Moyen Âge, de ce que l’on qualifie (anachroniquement) de « peinture de genre » emprunta des chemins sinueux. Procédant de la peinture religieuse dont elles isolent un détail, une saynète, mais aussi des représentations calendaires médiévales, les scènes du quotidien trouveront dans la république des Provinces- Unies un terrain fertile. Dans le premier tiers du Siècle d’or, ce sont notamment les « joyeuses compagnies » regroupant des bandes de fêtards qui jouissent d’une indéniable popularité, sous les pinceaux de l’Haarlé- mois Dirck Hals, le frère de Frans, ou de l’Amstelloda- mois Pieter Codde ( Joyeuse compagnie avec des dan- seurs masqués , 1636). Pratiqués dès les années 1610 par le Rotterdamois Willem Buytewech ( Joyeuse compagnie sur une terrasse , vers 1616, voir p. 11), ces tableaux s’en- racinent probablement dans la parabole évangélique du n Jan Steen, Ce que chantent les vieux, les petits le fredonnent , vers 1668-70. Huile sur toile, 133,7 x 162,5 cm. inv. 742 Fils prodigue dilapidant ses biens. La célébration des plaisirs de la vie et du luxe y voisine donc avec une mise en garde contre les périls guettant les débauchés. Cette ambivalence se rencontrera dans maintes scènes du quotidien produites au cours du siècle. Le riche foyer leydois Dans le sillage d’un élève doué de Rembrandt, Gerrit Dou (1613-1675), Leyde voit se développer des scènes de la vie domestique exécutées avec une facture d’une impression- nante minutie et dont les auteurs sont appelés « peintres fins » ( fijnschilders ). Datée 1658, La Jeune Mère constitue une œuvre caractéristique de Dou, en même temps qu’un de ses plus sûrs chefs-d’œuvre. On y retrouve le goût du peintre pour les encadrements architecturaux cintrés (implicites, comme ici, ou explicites) qui « doublent » le cadre effectif du tableau, l’utilisation d’un clair-obscur raffiné et une suprême maîtrise qui miniaturise une pièce

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