Extrait Dossier de l'Art

DOSSIER DE L’ART 293 / 59 Trianon DE LA MÉNAGERIE À LA FERME IDÉALE À partir du règne de Louis XV puis durant tout le XVIII e siècle, le domaine de Versailles prend des allures plus champêtres. Il se fait surtout, plus profondément, le miroir et d’une certaine façon le laboratoire des réflexions nouvelles portant sur l’animal, sur les vertus de l’élevage et sur la vie que les hommes mènent dans la proximité des bêtes. PAR JOAN PIERAGNOLI, DOCTEUR EN HISTOIRE MODERNE La ménagerie qu’Ange Jacques Gabriel élève pour Louis XV à Trianon entre 1749 et 1753 s’inscrit dans une tradition séculaire qui, depuis la Renaissance, oppose l’authenticité de la campagne aux préceptes artifi- cieux du Courtisan de Baldassare Castiglione (1528). Dès lors, à l’imitation des bergers-gentilshommes des pastorales à la mode, princes et prin- cesses affectent de s’adonner à l’élevage d’animaux de basse-cour, tout en assistant à la traite des vaches, voire à la préparation du beurre. C’est d’abord dans ce cadre qu’ils se font édifier des fermes d’agrément ou des ménageries. Dans celle de Trianon, des volières et de petites construc- tions de jardin sans lien organique se déploient autour d’une fabrique n Nicasius Bernaerts, Poules et coqs de différentes races et espèces dans la cour des Belles Poules de la Ménagerie de Versailles , 1664-68. Détail Huile sur toile, 75 x 175 cm (coupé sur la gauche d’environ 70 cm entre 1832 et 1850-60) Paris, musée du Louvre © RMN (musée du Louvre) – S. Maréhalle

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