Extrait Dossier de l'Art

26 / DOSSIER DE L’ART 289 Les deux affectations successives du beau palais de Gabriel – Garde-Meuble de la Couronne, puis état-major de la marine – furent le fruit des circonstances bien plus que l’effet d’un projet réfléchi. Alors que le chantier était ouvert depuis 1757, Louis XV ne prit la décision d’y affecter son Garde-Meuble qu’en 1765. La réflexion du roi, cependant, témoignait d’un mouvement perceptible depuis les années 1750, qui visait à loger les administra- tions royales dans des bâtiments adaptés à leur activité : c’était un signe de la structuration progressive de l’admi- nistration, prélude à la naissance de la fonction publique sous la Révolution et l’Empire. Une vitrine pour la Couronne Les besoins de l’administration du Garde-Meuble, née en 1604 et logée depuis dans différents hôtels particuliers, correspondaient au nouvel édifice : placé sur la route entre Versailles et Paris, le palais offrait des dimensions adaptées à la conservation et à la présentation de collections riches et variées, sur lesquelles on commençait à porter un regard qui serait bientôt qualifié de patrimonial. La diversité des objets conservés était étourdissante : tapisseries, tapis, bronzes, armures, vases en pierre dure, chefs-d’œuvre de menuiserie et d’ébénisterie… Tous témoignaient de la 1757-2021 250 ans d’histoire de l’État AU CŒUR DE PARIS Écrin du Garde-Meuble de la Couronne jusqu’en 1789 puis siège de l’état-major de la marine pendant plus de 200Ůans, l’édifice conçu par Gabriel est un lieu emblématique de l’histoire nationale. Son destin ne peut en être dissocié. PAR EMMANUEL PÉNICAUT, CONSERVATEUR EN CHEF DU PATRIMOINE AU MOBILIER NATIONAL (MINISTÈRE DE LA CULTURE)

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz