Extrait Dossier de l'Art

58 / DOSSIER DE L’ART 289 L’HÔTEL AU XIX e SIÈCLE LE TEMPS DES grands salons À la différence de l’appartement de l’intendant, les grandes salles d’exposition des collections du Garde-Meuble, qui constituaient en quelque sorte le premier musée des arts décoratifs du monde, ont été profondément transformées depuis la fin du XVIII e  siècle : leur actuel décor, un peu démonstratif, raconte en fait une autre histoire, celle de la marine française et de sa gloire à travers les océans du globe. PAR ALEXANDRE GADY Un musée avant l’heure Gabriel et Fontanieu avaient prévu pour exposer les collections royales l’aménagement de trois salles, soit deux salons encadrant une longue galerie, suivant le parti fameux de la Grande Galerie de Versailles. Ces trois pièces étaient conçues pour abriter des objets classés de manière typologique. Côté oriental, le visiteur accédait depuis le palier du contact du grand escalier à une première pièce, de forme carrée et éclairée sur la loggia par deux baies : la salle des Armes. Sobrement décorée d’un papier peint bleu, elle présentait les armures royales, dont les plus anciennes remontaient à la fin du Moyen Âge, ainsi que des pièces « historiques », comme l’épée d’Henri IV ou les deux canons offerts par le roi de Siam à Louis XIV lors de la fameuse ambassade de 1686. Cette collection était enrichie de pièces exotiques plus rares, telle une armure japonaise – pièces dont certaines se voient de nos jours au musée de l’Armée aux Invalides. La galerie, dite « des Grands Meubles », de plan rectan- gulaire et éclairée par sept croisées sur la place, était imposante par son volume, mais peu ornée, en dehors de sa corniche et de ses doubles portes. Sur les murs laté- raux prenaient place deux grands portraits d’apparat des souverains ayant construit le Garde-Meuble, Louis XV et Louis XVI, surmontant après 1787 deux tables-consoles ornées de motifs « à l’égyptienne » (l’une est encore visible au château de Fontainebleau). Sur le grand mur côté nord étaient installées cinq grandes armoires monumentales, dont les six portes étaient ornées de panneaux sculptés de lyre et de cartouches à fleurs de lys : on peut en voir deux spécimens remontés au pavillon du Roi du château de Vincennes. Là étaient rangées les plus belles tapisseries de la Couronne, les « meubles » (ensemble de tissus), le man- teau du Saint-Sacrement d’Henri III, créateur de cet ordre prestigieux, et autres riches étoffes protégées de la lumière et qu’on sortait seulement pour les montrer au public. n En lieu et place de l’ancienne salle des Bijoux du XVIII e siècle a été aménagé au siècle suivant le salon dit « diplomatique ». © Centre des monuments nationaux – B. Gavaudo

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