Extrait Dossier de l'Art

La Fontaine Le 8 juillet 1621 se tient le baptême de Jehan de La Fontaine. Est-il né la veille ou le jour même ? On ne sait. Le registre de la paroisse Saint-Crépin de Château-Thierry indique : « [Le] VIII e jour de ce présent mois ès l’an mil-six-cent- vingt-et-un, a été baptisé par moi soussigné curé, un fils nommé Jehan. Le père, M. Charles de La Fontaine, conseiller du roi et maître des eaux et forêts de la duché de Chaury [contrac- tion de Château-Thierry]. La mère, damoiselle Françoise Pidoux. Le parrain, honorable homme Jehan de La Fontaine ; la marraine, Claude Josse, femme de M. Louis Guérin, aussi maître des eaux et forêts au dit lieu. » Nous avons ainsi Indissociable du Grand Siècle par son style éblouissant et par son esprit, Jean de La Fontaine en a connu les gloires et les affres. Aimé et critiqué, soumis au bon vouloir de ses protec- teurs à défaut de soutien royal, celui qui paya chèrement son admission à l’Académie fut, à sa manière, un homme libre parmi les flagorneurs, un poète qui sut, en connaissance de cause, sourire des vices du pouvoir et des faiblesses du cœur humain. PAR NICOLAS ROUSSEAU , DIRECTEUR DU MUSÉE JEAN DE LA FONTAINE, CHÂTEAU-THIERRY n Jean-Baptiste Oudry (d’après), Le Corbeau et le Renard ( Fables , livre I, fable 2), reproduction moderne par l’Imprimerie du Centre (Château‑Thierry), 1962 (original vers 1755-1760) Impression sur papier, 28,5 x 22 cm Château-Thierry, musée Jean de La Fontaine © Musée Jean de La Fontaine, Château‑Thierry une bonne idée du milieu dans lequel naît notre grand fabuliste. Son grand-père, Jehan de La Fontaine, était marchand, et c’est lui qui acheta la charge de maître des eaux et forêts. Il est le père de Charles, qui s’est efforcé de donner à sa famille un rang parmi la bonne bourgeoisie de la ville. La famille Pidoux est de plus haute nais- sance ; elle compta dès le XIII e siècle des gens de finances, des ecclésiastiques et des prévôts des marchands, et fut anoblie par Philippe III. Fils de bourgeois, Jean évolue dans un milieu instruit. Il aura un frère, Claude, né en 1623. Il a une demi- sœur, Anne, fille d’une première union de sa mère avec un riche marchand de Coulommiers, Louis de Jouy. Avec ses 5 000 âmes compo- sées de marchands, d’officiers, de meuniers et de fonctionnaires, Château-Thierry est alors une ville où il fait bon vivre. Placée sur les bords de la Marne, qui entoure les remparts de la ville basse, elle affiche une paix laborieuse et festive. Nous sommes aux portes de la Champagne. UN POÈTE AU GRAND SIÈCLE

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