Extrait Dossier de l'Art

DOSSIER DE L’ART 286 / 17 Très rapidement la réforme de l’Académie, dont la main- mise sur la création artistique est dénoncée comme un privilège, entre au cœur des débats. Sa stricte hiérarchie, excluant la plupart des artistes de décisions qui pour- tant les concernent, est remise en cause. Dès l’automne 1789, trois groupes se distinguent parmi les académiciens. Les inflexibles, réunis autour de Joseph-Marie Vien et du secrétaire de l’Académie Antoine Renou, souhaitent que rien ne change et défendent le maintien de l’institution telle qu’elle fonctionne depuis les dernières réformes ; les réformateurs modérés, parmi lesquels on compte le sculpteur Augustin Pajou, les peintres Vincent, Regnault et Le Barbier ou encore le graveur Miger, souhaitent son maintien mais une réforme en profondeur ; les réfor- mateurs radicaux, emmenés par David et Jean-Bernard Restout, académiciens dissidents, exigent la suppression de l’Académie. Trois ans de débats et de querelles abou- tissent finalement à sa dissolution en septembre 1793. Il faut noter que, de manière singulière, les tenants les plus rétrogrades d’un maintien inchangé de l’institution et les dissidents qui veulent sa chute se sont trouvés d’accord sur un point : ne pas l’ouvrir plus largement, voire pas du tout, aux femmes. Seuls les réformateurs modérés sou- haitent accorder plus de place et de responsabilités à celles-ci. Parmi eux, Adélaïde Labille-Guiard joue un rôle prépondérant. L’émigration d’Élisabeth Vigée-Lebrun, qui s’est enfuie en Italie dès l’automne 1789, a fait d’elle la femme artiste la plus en vue, qui forme avec François- André Vincent un couple engagé et progressiste. Tenant depuis les années 1780 un atelier pour femmes, elle s’est impliquée par ailleurs d’une manière plus large pour l’édu- cation des jeunes filles, combat qu’elle a perdu. Tous au Salon ! La première victoire pour les réformateurs est l’ouverture en septembre 1791 du premier Salon dit « libre ». Fruit de pétitions et d’âpres discussions, le Salon est enfin ouvert à tous les artistes, même non académiciens. Le livret les n Marie-Gabrielle Capet, Adélaïde Labille-Guiard exécutant le portrait du peintre Vien, sénateur et comte de l’Empire , 1808. Huile sur toile, 69 x 83,5 cm. Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen – Neue Pinakothek. Photo service de presse © BPK, Berlin, dist. RMN / image BStGS n PAGE DE GAUCHE. Louis-Léopold Boilly, Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey , Salon de 1798. Huile sur toile, 71,5 x 111 cm Paris, musée du Louvre © RMN (musée du Louvre) – A. Didierjean

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