Extrait Dossier de l'Art

12 / DOSSIER DE L’ART 280 « Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Éternel ton Dieu va chasser ces peuples devant toi. » Ancien Testament, Deutéronome (18 ; 10-12) L’Ancien Testament porte en lui l’injonction de l’extermination des mages et des magiciennes. C’est parce qu’il est abandonné de Yahvé que le roi Saül, par ailleurs persécuteur zélé des sorciers et des nécromanciens, se rend nuitamment auprès de la sorcière d’Endor pour l’interroger. Après qu’il lui a garanti l’immunité, elle évoque, à sa demande, le spectre de Samuel afin que le prophète défunt l’éclaire sur l’issue de la guerre que lui livrent les Philistins. Rappelé d’entre les morts, le prophète confirme à Saül que l’Éternel, parce qu’il a été rebelle à ses volontés (en épargnant Agag, le roi des Amalécites), lui a retiré la royauté au profit de David qui a rejoint ses ennemis. Implacable, Samuel poursuit en annonçant que Saül et ses fils trouveront la mort le lendemain dans la bataille et que « l’armée d’Israël sera livrée aux Philistins », annonce qui terrasse le roi déchu (I er Livre de Samuel, 28 ; 3-25). La fascination angoissée de l’Occident chrétien pour la sorcellerie et la nécromancie a assuré la célébrité (et la large postérité visuelle) de cet épisode vétéro-testamentaire unique où un mortel rappelle un défunt de l’au- delà. Théologiens et démonologues (tel Pierre Le Loyer au XVI e siècle), persuadés que l’e"cacité de la magie supposait l’intervention du Malin, ont souvent prétendu que c’était un démon et non Samuel qui s’était manifesté de manière trompeuse à Saül par l’entremise de la nécromancienne. Habitué des scènes de sorcellerie et des sujets occultes, le Napolitain Salavator Rosa (voir p. 42-43) semble valider implicitement le caractère démoniaque de l’apparition du pseudo-Samuel dans un admirable tableau tardif où la chevelure de la vieille sorcière, qu’accompagnent tous les signes possibles de la malignité, prend quasiment la forme de cornes. Q Salvator Rosa, Saül et la sorcière d’Endor , 1668. Huile sur toile, 273 x 193 cm. Paris, musée du Louvre © RMN (musée du Louvre) – D. Arnaudet La sorcière d’Endor FIGURE BIBLIQUE FOCUS Tu ne laisseras pas en vie la magicienne. Ancien Testament, Exode, Lois morales et religieuses (22 ; 17)

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