Extrait Dossier de l'Art

8 / DOSSIER DE L’ART 270 Au XIX e siècle, les femmes bénéficiaient toujours d’une éducation distincte de l’instruction et demeuraient confi- nées dans le « savoir utile 1 ». Elles pouvaient se former à l’art de diverses manières, mais jamais à l’égal des hommes. L’une des formes les plus visibles de cette inégalité était l’impossibilité pour elles d’accéder à l’École des beaux-arts, la plus prestigieuse. Elles n’y furent autorisées qu’en 1897, alors même que l’institution avait perdu en prestige et que le système académique était battu en brèche par le nou- veau système du marché de l’art et de la critique. Exclues de la voie royale en matière de formation, « la majorité des femmes attirées par les arts choisissaient des domaines jouissant d’un très faible prestige culturel, où elles rencon- traient moins d’obstacles et se sentaient en confiance », a expliqué l’historienne de l’art féministe Linda Nochlin 2 . Le berceau familial Depuis toujours, le contexte familial jouait un rôle impor- tant dans l’orientation d’un ou d’une futur(e) artiste. Si au XIX e siècle la transmission familiale d’un savoir et d’un savoir-faire était moins répandue qu’auparavant, elle perdurait néanmoins chez quelques parentèles d’artistes. Ce fut le cas pour Rosa Bonheur qui, après avoir été mise en apprentissage comme couturière, fut formée, avec sa fratrie, par son père. Conscient de la facilité exceptionnelle de sa fille, ce dernier lui apprit la technique en la faisant participer à ses propres toiles. Virginie Demont-Breton, fille de Jules Breton et nièce d’Émile Breton, tous deux peintres reconnus, apprit le métier au sein de sa famille. Lutter pour apprendre son art Pour les femmes voulant devenir artistes au XIX e siècle, se former relève du défi. Privées des moyens aisément accessibles aux hommes, elles n’ont guère que les cours particuliers à leur disposition et doivent attendre l’apparition des académies privées pour se voir reconnaître la possibilité d’exister. Par Leïla Jarbouai, conservatrice des arts graphiques au musée d’Orsay

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