Extrait Dossier de l'Art

8 / DOSSIER DE L’ART 268 Henri II et la commande artistique aux collections royales – on y trouve seulement les éléments embléma- tiques habituels dans le décor du reste de la production céramique contemporaine. Il est également difficile d’évaluer la part person- nelle du roi dans le choix des décors appliqués sur les reliures en cuir doré, argenté ou mosaï- qué des livres de la bibliothèque royale : leur luxe exceptionnel et le développement systématique des symboles héraldiques, jusque sur la dorure des tranches, incitent à y voir au minimum l’approbation du souverain, à défaut son exigence directe. Célébrer le roi, célébrer l’antique Le goût d’Henri II pour les armes et armures, évoqué dans ce numéro, comme pour les harnachements de ses chevaux et les activi- tés sportives, se rattache à sa détermination à se présenter en public comme un souve- rain exemplaire, digne d’être admiré et guide de ses gentilshommes en matière de cour- toisie. C’est peut-être à sa décision person- nelle, peut-être aussi à l’influence d’Anne de Montmorency, qu’est due à partir de 1552 la mise en œuvre d’une politique numismatique d’une ampleur et d’une cohérence inusitées ; celle-ci diffuse l’effigie du souverain, accom- pagnée de scènes ou d’allégories relayant les entrées royales, pour exalter Henri II comme modèle de monarque universel. Catherine de Médicis poursuit d’ailleurs la même démarche en commandant à Michel-Ange un projet de statue équestre de son époux défunt. Le rayonnement durable du règne d’Henri II a été souligné, avec raison, dans le domaine du décor architectural, incluant aussi le vitrail et le mobilier religieux, comme le passage à une phase de la Renaissance française sou- cieuse d’une meilleure assimilation de l’ar- chitecture antique, de ses règles et de son décor ornemental, souvent qualifié de « tour- nant classique ». La présence de l’héraldique royale intégrée au sein de ces ornements clas- siques, particulièrement les trophées d’armes antiques ou modernes, en constitue, sur toute l’étendue du royaume, une marque révélatrice. Q Marc Béchot (attr. à), médaille avec sur la face le portrait en buste d’Henri II portant cuirasse et au revers l’allégorie du roi en déité composite, 1552. Bronze doré, diam. 5,7 cm. Écouen, musée national de la Renaissance © RMN (musée de la Renaissance, château d’Écouen) – M. Rabeau

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