Extrait Dossier de l'Art n°267

14 / DOSSIER DE L’ART 267 de Saint-Domingue. Avec le Blanc Louis-Pierre Dufay, le mulâtre Jean- Baptiste Mills, né à Cap-Haïtien, fait également partie de la députation tri- colore de l’île dont l’intronisation dans l’enceinte de l’Assemblée lors de la séance du 16 pluviôse an II (17 février 1794) conduit à l’abolition générale de l’esclavage en France. Musicien et escrimeur de talent, le chevalier de Saint-George (Guadeloupe, 1745-Paris, 1799) fréquente activement les milieux abolitionnistes. Il est pendant la Révolution à la tête de la Légion noire en faveur de la République au côté du général Dumas 3 . Avec Toussaint Louverture (Cap-Français, 1743 - La Cluse-et-Mijoux, 1803), descendant d’esclaves, il demeure l’une des figures dans toutes les assemblées primaires et électorales, et y être élues. Le pre- mier décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises est voté par la Convention le 4 février 1794 sans indemnisation des propriétaires. La Révolution et ses suites Les événements révolutionnaires inau- gurent ainsi la présence en France des premiers hommes de couleur impliqués en politique. Jean-Baptiste Belley (Gorée, vers 1746 - Belle-Île-en- Mer, 1805), portraituré par Girodet en 1798, est le premier député noir à la Convention nationale puis au Conseil des Cinq-Cents, représentant le dépar- tement du nord de la colonie française revendiquant l’égalité des droits 2 . Mais si les théories humanistes se diffusent, l’Assemblée constituante n’est pas immédiatement favorable à un tel bouleversement économique et social. En effet, Saint-Domingue produit alors la moitié du café et du coton mondial et plus du tiers du sucre, renforçant l’intérêt d’un appro- visionnement en main-d’œuvre ser- vile issue de la Traite. Sous la pression des lobbys des colons, l’esclavage est maintenu en 1791, entraînant dans les colonies des révoltes sanglantes et meurtrières. Le 24 mars 1792, un décret est voté pour que « " les personnes de couleur, mulâtres et nègres " » de condition libre puissent voter « " ainsi que les colons blancs " » François Auguste Biard, Proclamation de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises le 27 avril 1848 , 1849 Huile sur toile, 260 x 392 cm. Clermont- Ferrand, musée d’art Roger-Quillot, en dépôt au château de Versailles © RMN (château de Versailles) – F. Raux

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz