Extrait Hors-série Dossiers d'Archéologie n°42

Hors-série n° 42 | 5 à mon sens trop facilement comme oubliés. Je pense que l’exposition s’attache à démontrer qu’ils n’ont jamais été oubliésb; au contraire, on ne cesse d’en parler depuis toujours et notre époque joue son rôle comme les précédentes pour de nouveau raconter cette his- toire, de nouveau rappeler le nom de ces rois. On le fait aujourd’hui effectivement à un moment où les recherches sont devenues exponentielles. Les études s’agrègent, puis, tout d’un coup, des réponses finissent par s’imposerb ; on laisse de côté certaines hypothèses pour ne garder que les meilleures et, petit à petit, on précise tel ou tel pan de l’histoire. On est donc dans cette situation. Il y a l’aboutisse- ment de recherches historiques du côté égyptien de la questionb: on en est à un point où des progrès remar- quables rendent possible de synthétiser et de présen- ter de façon claire des pans entiers d’une histoire qui était auparavant extrêmement compliquée, comme une pelote de fils emmêlés. Du côté soudanais, il y a eu ces vingt dernières années beaucoup de fouilles l’échelle de l’histoire de cette vallée. Cette épopée a été marquée par un raid militaire très audacieux de la part des rois kouchites, au sud de l’Égypte, qui ont compris qu’ils avaient une fenêtre pour tenter leur chance et conquérir leur voisin du nord. C’était très audacieux, mais aussi très hasardeux. L’histoire l’a mon- tré d’ailleurs, car la XXV e b dynastie qu’ils ont créée a duré 60bans seulement. Ils se sont retrouvés dans une extrême difficulté, car, en conquérant l’Égypte, ils ont hérité de la menace de l’Empire assyrien. Il est impor- tant de le rappeler pour comprendre ce qui s’est passéb: l’Empire assyrien n’en était pas à sa première agres- sion contre l’Égypte, car il leur était difficile d’accepter un voisin aussi puissant à leur frontière. Du coup, la menace s’est précisée pour les Assyriens quand ils ont compris que les souverains kouchites étaient suffisam- ment solides et ambitieux pour envahir toute la vallée. Ils n’ont donc eu de cesse, roi après roi, de père en fils, de vouloir abattre ce royaume de la XXV e b dynas- tie. Chasser définitivement les Kouchites passait aussi par des alliances avec des dynastes locaux égyptiens, qui jouaient leurs cartes eux-mêmes, ce qui donnera naissance à la XXVI e b dynastie. Cette XXV e b dynastie, une fois partie d’Égypte, a continué à fonctionner en royaume, mais chez elle, autour de sa capitale Napata, et a donné naissance à la royauté napatéenne, avec les nécropoles de pyramides pour ses rois. C’est une civi- lisation qui est extrêmement influencée par l’Égypte, ils sont en quelque sorte plus royalistes que le roi. Si l’on n’admet pas combien ces rois sont marqués par la culture de l’Égypte, on ne peut pas comprendre l’his- toire de la vallée à cette époque-là. C’est cette épopée que l’exposition raconte, une épo- pée pleine de bruit et de fureur pourrait-on dire. Au départ, il s’agit d’une aventure militaire qui apparaît comme victorieuse, mais ensuite c’est un royaume qu’il a été extrêmement difficile de tenir, car il s’étendait sur des distances gigantesques à la fois pour un gouverne- ment mais aussi pour les armées. Cette exposition est l’aboutissement d’années de recherches historiques et archéologiques. Sur quelles pro- blématiques ont-elles portéb? Quelles avancées ont-elles permis dans les connaissances de la périodeb? Une exposition ne vient pas par hasard. Cette exposi- tion, comme les autres, est à une confluence de résultats dans différents domaines. Elle est aussi à la confluence d’un intérêt du public. Pour des tas de raisons, on parle de plus en plus de ces royaumes africains. On les décrit Triade inscrite du nom d’Osorkon II (874-850) : Osiris (au centre), Horus et Isis. OsorkonbII est pharaon de la XXII e bdynastie, d’origine libyenne, dont la capitale est Tanis. Karnak, haut. 90bcm, or et lapis-lazuli. Paris, musée du Louvre. ©bMusée du Louvre, dist. RMN-GPb/ Chr.bDécamps

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