Extrait Dossiers d'Archéologie - Hors-série n°37

Gloires et misères des tombes étrusques La conquête de l’Étrurie par Rome au III e siècleavant J.-C. entraîne une progressive disparition de la langue et de la culture étrusques au profit du latin qui s’im- pose dans toute l’Italie. Le christianisme qui s’affirme comme seule religion à la fin de l’Antiquité marque l’abandon définitif de toute pratique religieuse étrusque et l’oubli de l’ancienne civilisation durant le Moyen Âge. Cependant, si cette mémoire semble bel et bien avoir disparu dans les textes médiévaux, on note une fréquentation continue ou intermittente des nécropoles, réutilisées comme habitations, bergeries ou lieux de réunions secrètes, comme c’est le cas de la tombe Bartoccini à Tarquinia. Cette magnifique tombe peinte découverte en 1959 présente de nom- breux graffiti datant du XIII e siècle, récemment étudiés et publiés par Carlo Tedeschi, montrant une fréquen- tation de la part des Templiers, qui utilisaient l’hypo- gée à la fois comme lieu de rencontres sexuelles et de rituels religieux. Les vestiges lapidaires étrusques comme les urnes cinéraires ou les cippes (pierres sculptées utilisées comme stèles ou marqueurs funé- raires) sont fréquemment remployés dans les églises, comme base supportant un bénitier, comme élément décoratif dans les façades, voire même en tant que reliquaires. Les légendes populaires de trésors cachés et de malé- dictions s’abattant sur les pilleurs de tombes nous sont connues par le biais de textes de moines anglais qui relatent des récits fantastiques en lien avec les tré- sors ensevelis par les anciens peuples païens en Italie : les gardiens des tombes, automates, géants ou sol- dats, protègent des montagnes d’or et de pierres pré- cieuses au moyen de pièges mécaniques cachés, comme dans les films d’Indiana Jones. Hors-série n°37 | 71 Tombés dans l’oubli par l’effet de la domination romaine, les vestiges étrusques n’en sont pas moins toujours visités au Moyen Âge. Mais c’est surtout à la Renaissance qu’on les redécouvre. Et la fascination qu’ils exercent ne va plus cesser de croître. Julie LABREGÈRE, docteure en Histoire antique; ATER en histoire de l'art antique; E.A. 6298, CeTHiS, Tours Urne étrusque remployée en façade de l’église San Leonardo à Artimino (Toscane). Photo J. Labregère.

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