Extrait Dossiers d'Archéologie

évolutions techniques et environne- mentales majeures. La plus marquante a été celle de la photographie numé- rique, dont les avantages ont définiti- vement dépassé ceux de l’argentique en 2005. Les cartes SD ( Secure Digital ) permettent aujourd’hui de multiplier à l’infini les angles de vue et les docu- ments de qualité. La définition des pho- tographies, sans commune mesure avec celle des diapositives, permet plus par- ticulièrement des vols à plus haute alti- tude. Alors que l’on prospectait généra- lement à 1 000 pieds, les prospections se font maintenant à 2 500 pieds (800 m). Cela permet d’embrasser beaucoup plus de terrain et d’obtenir des clichés moins obliques. L’archivage et la diffusion de ces derniers sont facilités, sans parler des possibilités de traitement d’image, d’inté- gration à un SIG (système d’information géographique) et de redressements automatiques permettant des photo- interprétations normalisées. D’autres paramètres extérieurs sont aussi intervenus. L’inquiétante succession de sécheresses, autant de printemps que d’été, favorise la découverte de sites. En Bourgogne, il y avait en moyenne deux années favorables par décennie jusqu’en 2010. Pour les années 2011-2020, sept ont été très favorables ! La formation des anomalies archéologiques visibles a été parallèlement accentuée par la géné- ralisation de semences modifiées, net- tement plus révélatrices. N’oublions pas non plus l’influence des remembrements systématiques, qui permettent d’embras- ser des sites d’un seul tenant. Cependant, la mise à disposition des orthophotographies numériques en ligne constitue une révolution majeure. À partir de 2012, les données en ligne se sont multipliées, associées à la réali- sation d’acquisitions à haute résolution (10 cm), si bien que ces sources jusque-là anecdotiques devinrent incontournables. Les résultats obtenus sur les fonds IGN du printemps 2011 sont très représenta- tifs de leur potentiel. Ce sont 2 200 ano- malies, dont 1 700 inédites, qui ont été découvertes sur les seuls départements de l’Yonne et de la Nièvre ; et pour les Deux-Sèvres et la Vienne, pas moins de 2 442 sites sont concernés, dont 40 % inédits. Cela démontre les potentialités de ces fonds s’ils sont systématiquement exploités et permet de découvrir des anomalies dans des secteurs peu « ren- tables » en prospection oblique, comme les zones montagneuses ou de pâtures. Depuis 2011, l’exploitation des multiples fonds mis en ligne a cependant été faite de manière aléatoire, sans coordination ni concertation. Comme pour les don- nées de prospection aérienne oblique, la France manque ici cruellement d’un collectif centralisant les initiatives et les résultats obtenus. BIBLIOGRAPHIE • GAUTIER (M.), GUIGON (P.), LEROUX (G.) — Les moissons du ciel : 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain , Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019. • GOGUEY (R.), CORDIER (A.) — Photographie aérienne et archéologie. Une aventure sur les traces de l’humanité , Gollion, Infolio, 2015. • NOUVEL (P.), IZRI (S.) — La prospection aérienne en Bourgogne, Franche-Comté et sud Champagne, 1952-2014. Données disponibles, résultats et nouvelles orientations, dans L. Baray (dir.), De silex, de terre et de faïence, la mémoire du sol en Bourgogne. Hommage à Jean-Paul Delor , Autun, Éditions Mergoil, 2017, p. 63-82. Le sanctuaire d’époques gauloise et romaine d’Allibaudières (Aube). Le traitement numérique des clichés et les possibilités de redressement permettent de proposer facilement des photo- interprétations à l’échelle. À gauche, photo S. Izri / P. Nouvel 2015 ; à droite, photo- interprétation. Les orthophotographies livrent des plans remarquablement complets de sites archéologiques, à partir du moment où elles ont été acquises à des moments favorables. L’agglomération antique de Vieux-Poitiers (Naintré, Vienne). Fonds IGN juin 2011, capture et traitement d’image P. Nouvel.

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