Extrait Dossiers d'Archéologie

59 AU CŒUR DES VILLES, DES SITES MONUMENTAUX... S i, à la différence de Rome et de l’Italie, aucun témoignage n’atteste à ce jour que Jules César divinisé reçut un culte en Gaule Nar- bonnaise, la naissance du culte impérial remonte néanmoins aux premières années du principat. Les cités intégrèrent dans leur panthéon, peu de temps après Rome, le culte des « doubles divins » du prince, Genius et Numen Augusti , ainsi que le culte de Rome et Auguste, où, aux côtés de la déesse qui personnifiait la Ville, le prince était vénéré en tant qu’incarnation de l’État. À ces témoignages, que l’on peut qualifier de « directs », s’ajoutent les inscriptions honorifiques et les épi- taphes mentionnant les prêtrises (voir p. 52-55). Les inscriptions religieuses ayant été le plus souvent découvertes en remploi, hors de leur contexte d’origine, il est difficile de savoir précisé- ment où se trouvaient les édifices qui abritaient ces cultes. Quelques témoignages majeurs assurent néanmoins que ces monuments se dres- saient au cœur des villes, sur le forum. C’est le cas du temple de Vienne (Isère), érigé à l’extrémité occidentale d’une vaste place publique entourée de portiques, longue de 280 m (voir p. 48). Si une grande partie du monument appartient à la seconde moitié du I er siècle après J.-C., phase d’achèvement du complexe ou de sa reconstruc- tion, son premier état, encore visible sur l’arrière du temple, est à placer dans les années 27-10 avant J.-C., par comparaison stylistique avec d’autres monuments augustéens bien datés. Dédié initialement à Rome et à Auguste, le temple fut ultérieurement consacré à l’impératrice Livie, morte en 29 et divinisée en 41 après J.-C. Pour rendre un culte à un dieu comme à l’em- pereur, un temple n’était pas nécessaire : un autel, plus ou moins monumentalisé, suffisait puisqu’il est le support principal des cérémonies et fait le lien entre les dieux et les hommes. Tel était le cas au sanctuaire sis sous les actuels jardins de la Fontaine de Nîmes où, à partir de la fin du I er siècle avant J.-C., est édifié un vaste complexe architectural (bassins, nymphée, temple de « Diane », théâtre, propylées). Au centre du bassin du nymphée, qui formait le cœur du sanctuaire, se dressait un autel monumental probablement consacré à Rome et Auguste. Le plan de l’ensemble, les édifices qui le composent, les sta- tues et les dédicaces qui y furent mises au jour par dizaines ont conduit Pierre Gros à identifier ce com- plexe à un Augusteum , un sanctuaire consacré à Auguste. Au II e siècle, la construction des propylées et le déroulement de jeux scéniques en l’honneur des empereurs régnants montrent la place impor- tante que tinrent, durant tout le Haut-Empire, ces « cultes impériaux » dans la religion civique. La « Maison carrée », construite au tournant de notre ère sur le forum de Nîmes, formait un second pôle d’exaltation du nouveau régime que le premier empereur avait conçu comme dynastique. En effet, comme l’atteste sa dédicace, le temple fut consa- cré aux Caesares , Lucius et Gaius César, fils d’Agrippa et de Julie, fille d’Auguste, que ce der- nier avait désignés comme ses successeurs mais que la mort avait emportés prématurément, res- pectivement en 2 et 4 après J.-C. Frise d’acanthe couronnant le socle de l’autel de l’ Augusteum du site de la Fontaine à Nîmes, fin du I er siècle avant J.-C. Nîmes, musée de la Romanité. © Nîmes, musée de la Romanité Plan de l’ Augusteum du site de la Fontaine à Nîmes.

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