Extrait Dossiers d'Archéologie n°401

UNE VILLE MYTHIQUE ET SES MONUMENTS T ombouctou est de ces villes dont le nom est chargé d’histoire. Elle est située non loin du fleuve Niger, au plus haut de la boucle qu’il parcourt au milieu du Sahara, position stratégique qui en a fait une plaque tournante du commerce entre Afrique de l’Ouest et Afrique du Nord. Longtemps inaccessible, notamment aux Euro- péens, Tombouctou a toujours été qualifiée de ville mystérieuse, caractère savamment entretenu par les érudits qui perpétuent sa tradition acadé- mique depuis la fin du XV e siècle. À cette époque, son université et ses 180 écoles coraniques auraient accueilli jusqu’à 25000 étudiants venus de tout le monde musulman pour approfondir leurs connaissances en théologie, droit, histoire, astrologie, etc. Aux milliers de manuscrits qui arri- vèrent à Tombouctou à cette époque vinrent s’ajouter les productions écrites des savants locaux ; ils constituent un des patrimoines les plus précieux de la culture arabo-musulmane. La « cité des 333 saints » comporte de nom- breux sites et monuments, jalons de son histoire. Celle-ci commence vers le XI e siècle ; son épi- centre serait un puits, le « puits de Bouctou » en tamasheq, du nom d’une vieille femme qui en était la gardienne. C’est donc depuis ce qui devait n’être qu’un petit campement que la ville com- mença à se développer ; les tentes et paillottes des origines laissant progressivement la place à des édifices bâtis de terre et de pierres. Le tissu ancien et les monuments témoignent du passé prestigieux de la ville et de l’attache- ment que sa population porte à celui-ci. Ses trois grandes mosquées historiques et seize de ses mausolées ont été inscrits sur la Liste du patri- moine mondial de l’Unesco en 1988. La mosquée la plus ancienne est Djingarey-Ber (grande mos- quée). Située dans le sud de la ville, elle fut construite sous l’ordre de Kankou Moussa, roi de l’empire du Mali, de retour de son pèlerinage à La Mecque en 1325. Plusieurs manuscrits attestent qu’elle fut partiellement reconstruite et agrandie au XVI e siècle, mais bien d’autres travaux eurent lieu par la suite. La mosquée de Sankoré, située dans le nord de la ville, symbolise plus le côté intellectuel de Tombouctou. Édifiée peu après celle de Djingarey- Ber, elle aurait été le centre spirituel de la célèbre université. Elle fut aussi agrandie au XVI e siècle, pour respecter les dimensions de la Kaaba à La Mecque et faire face à des besoins grandissants. La façade principale (est) de la mosquée de Djingarey-Ber en 1995. Photo Th. Joffroy. Le tissu ancien et les monuments témoignent du passé prestigieux de la ville et de l’attachement que sa population porte à celui-ci. “ “

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