Extrait Dossiers d'Archéologie

H ydace de Chaves et Prosper d’Aquitaine nous rapportent qu’en 418 ou 419 Rome établit les Wisigoths entre Toulouse et l’océan, dans la province d’Aquitaine seconde et dans certaines cités des provinces limitrophes, Narbonnaise, Novempopulanie, Aquitaine pre- mière. Ce premier territoire comprenait les fertiles terres céréalières du Sud-Ouest, les vignobles, les élevages et autres richesses de cette grande région célébrée pour sa prospérité par Sidoine Apollinaire. Ces campagnes étaient irriguées par un dense réseau hydrographique aux fleuves et rivières tout ou partie navigables. La Garonne for- mait une sorte de colonne vertébrale depuis les Pyrénées centrales, où elle prenait sa source dans le val d’Aran, jusqu’à Bordeaux et l’océan Atlan- tique, en passant par Toulouse. En 419, les voies romaines, jalonnées de stations routières, étaient toujours entretenues et elles reliaient chefs-lieux et agglomérations secondaires. Les vieux che- mins vicinaux parcouraient les paysages, bois et champs cultivés, et réunissaient les établissements agricoles de l’Antiquité tardive, époque au cours de laquelle le modèle romain de la villa dominait. LES VILLAE ET LE MODE DE VIE ARISTOCRATIQUE Les résidences aristocratiques rurales du sud-ouest de la Gaule – parmi les plus célèbres Plassac, Castelculier, Bapteste, Saint-Sever, Lalon- quette, Séviac, Montmaurin, Valentine ou Chira- gan – sont situées entre Bordeaux, Toulouse et les Pyrénées, en particulier dans le Gers et le bassin de l’Adour. Les grands domaines fonciers ( fundus ) sur lesquels elles étaient établies abritaient deux grands secteurs de bâtiments, la pars urbana , luxueuse demeure du dominus , et la pars rustica , bâtiments de l’exploitation agricole. Au IV e siècle, l’homme de lettres bordelais Ausone possédait en Aquitaine plusieurs domaines aux terroirs variés. L’étendue de l’un d’entre eux, situé près de Bazas, qu’il dénomme « son petit héritage » ( herediolum ), atteignait 250 ha. Les bâtiments agricoles de ces grandes villae tardives du Sud-Ouest sont encore souvent méconnus. Ceux de la riche villa de Chira- gan, dégagés à la fin du XIX e siècle, étaient alignés sur trois côtés et jouxtaient la demeure du maître des lieux, délimitant une très vaste cour de ferme. La pars urbana est bien mieux connue grâce aux textes et à l’archéologie. Sidoine Apollinaire, membre de l’aristocratie sénatoriale, homme politique et grand écrivain du V e siècle, décrit longuement, dans l’une de ses lettres ( Epist. II, 2, 3), sa villa d’Avitacus (Aydat) en Auvergne. Il y insiste sur l’importance du pay- sage d’agrément et revient à plusieurs reprises sur la beauté du panorama donnant sur le lac et la cam- pagne environnante. Restitution 3D de la villa de Montmaurin (Haute-Garonne). © Akg-images / Fl. Pey Villa de Montmaurin : vue sur le secteur thermal. © L. Bessol/cNature

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