Extrait Dossiers d'Archéologie

TOLOSA ET SES ÉDIFICES RELIGIEUX AU V e SIÈCLE O n a longtemps considéré que l’arrivée des Barbares en Gaule avait occasionné une rupture brutale dans l’occupation du sol et notamment un repli systématique du tissu urbain. L’archéologie permet aujourd’hui de proposer un tableau beaucoup plus nuancé. La Tolosa des rois wisigoths est l’héritière directe de la ville antique. Elle en conserve le plan (92 ha), le rempart, la voi- rie, les quartiers d’habitation et les équipements publics qui ont survécu aux bouleversements éco- nomiques et religieux des siècles précédents. En ce qui concerne les églises, en plus du quartier cathédral, à l’est de la ville, trois édifices accueillent fidèles et défunts à l’époque wisigo- thique : Saint-Sernin, Saint-Pierre-des-Cuisines et La Daurade. Autour de 400-410, l’évêque Exupère achève la construction d’une nouvelle basilique située au-dessus de la tombe du martyr toulou- sain Saturnin (Sernin). L’utilisation du four à chaux visible dans le sous-sol du musée Saint-Raymond est peut-être liée à ce chantier. Des fouilles effec- tuées en 1969 dans le chœur de l’actuelle basilique ont révélé l’abside du V e siècle en forme de fer à cheval de 6 m de diamètre, qui enveloppait sans doute le sarcophage de Saturnin. Vers l’ouest, le plan de cette église n’est pas identifié. Saint-Pierre-des-Cuisines au temps des Wisigoths est mieux connue : une abside de 6 m de diamètre (comme à Saint-Sernin), complétée à l’ouest par un espace rectangulaire (le presbyterium ) encadré de deux annexes au sud et au nord, puis par une nef entourée d’un portique. Cette église, contem- poraine de Saint-Sernin, fut élevée au cœur d’un espace funéraire présent depuis les I er -II e siècles. Détruite entre 1759 et 1763, l’église primitive de Sainte-Marie-la-Daurade est restée célèbre pour ses mosaïques à fond d’or. C’est ce décor mural qui lui a donné son nom : Sancta Maria Deaurata, Sainte- Marie-la-Dorée ( daurada en langue d’oc). Ces mosaïques recouvraient une abside, composée de niches disposées sur trois niveaux et séparées par des colonnes torsadées ou décorées de pampres de vigne. Le décor semble être dédié à Marie et plus généralement à l’enfance de Jésus. La forme et le décor de cette abside peuvent être rapprochés de la basilique de la Nativité à Bethléem (IV e siècle). Si l’on se réfère au texte de Sidoine Apollinaire, grand témoin du V e siècle en Gaule, particulièrement à Tou- louse, cet édifice hors normes pourrait être l’église fréquentée par les rois goths. Plan de Toulouse au V e siècle.

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