Extrait Dossiers d'Archéologie

plein développement. Le sanctuaire fédéral, le monument provincial le plus célèbre de l’Occident romain, a été inauguré le 1 er août (en 12 ou en 10 avant J.-C.). Il est représenté sur des monnaies frappées sous Auguste sous la forme d’un autel encadré de colonnes supportant des Victoires. Une statuette de Victoire serait une possible réplique des grands reliefs du sanc- tuaire. S’il ne resta probablement que quelques mois à Lyon, Claude n’en oublia pas pour autant sa ville natale : des monnaies frappées à Lyon l’année de son arrivée au pouvoir reprennent l’image de l’autel, tandis que la ville prit son nom durant son règne ( Colonia Copia Claudia Augusta Lugdunum ). UN AVÈNEMENT IMPRÉVISIBLE En dépit de sa position dans la hiérarchie familiale, Claude n’était pas destiné à régner. Des problèmes de santé d’ordre neurologique l’avaient jusqu’alors mis au ban de sa propre famille et de la vie publique, et il avait trouvé refuge dans les études, d’histoire en particulier. C’est son frère aîné, Germanicus, qui avait été pressenti par Auguste pour la future succession de Tibère, déjà âgé, que le princeps avait adopté pour lui succéder. À la mort d’Auguste, en 14, l’Empire revint donc à Tibère; mais, cinq ans plus tard, la mort prématurée de Ger- manicus redistribua les cartes. La Tabula Hebana rappelle les honneurs funèbres rendus au jeune général en chef admiré de tous, votés par le Sénat romain. En 37, ce ne fut pas à Claude que l’on proposa le titre de princeps , mais à son neveu Caïus, dit Caligula, fils de Germa- nicus, auréolé de la gloire paternelle. La nature déséquilibrée du jeune empereur (il avait 25 ans à son avène- ment) conduisit cepen- dant à son assassinat, en 41. Les circonstances de la proclama- tion de Claude rapportées par Suétone ( Vie de Claude , X) sont fidèlement repro- duites dans le tableau de Claude Lebayle, Claude proclamé empereur (1886) : le quinquagénaire, plaqué contre un mur, aussi terrifié que médusé, est acclamé par les soldats de la garde préto- rienne qui l’entourent (voir p. 7). CLAUDE AU POUVOIR En 41, Claude avait déjà une vie derrière lui. Il était père de deux filles, Antonia Claudia (issue de son union avec Aelia Paetina) et Octavia Claudia, née de son troisième mariage avec Messaline, qui allait bientôt lui donner un fils, Britanni- cus. Hormis Sénèque dans son pam- phlet L’ Apocoloquintose du Divin Claude , la plupart des auteurs antiques – Suétone, Tacite, Dion Cassius, princi- palement – reconnaissent à Claude des qualités de gestionnaire des questions publiques, mais le décrivent comme un personnage influençable et « d’une humeur étrangement variable, tour à tour circonspect et perspicace, ou étourdi et précipité » (Suétone, Claude , XV). Ils blâment également l’importance accordée aux affranchis dans les affaires Relief funéraire de l’affranchi Caius Aurunceius Princeps, Rome, Monument des Auruncei, marbre. Bruxelles, musées royaux d’Art et d’Histoire. © Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles Tabula Hebana . Liste des honneurs funèbres votés par le Sénat romain à rendre à Germanicus, 20 après J.-C., bronze, trouvée à Magliano (Toscane). Florence, Musée archéologique national, déposé à Grosseto, musée d’Archéologie et d’Art de la Maremme. © Archivio fotografico del Museo Archeologico e d’Arte della Maremma

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz