Extrait Dossiers d'Archéologie

UNE ÉVOLUTION MÉDIÉVALE MOUVEMENTÉE Des modifications apparaissent à la fin de l’An- tiquité. Après un dépeuplement constaté ailleurs dans le midi de la Gaule autour des III e et IV e siè- cles, le V e siècle apparaît comme un moment de dynamisme très important à Marseille comme ail- leurs en Provence. Les conditions politiques et économiques sont, en effet, plus favorables que dans le reste de la Gaule, soumise à des incursions de peuples germaniques et à un affaiblissement du pouvoir romain. La province de Narbonnaise reste aux mains de l’empereur jusqu’en 475 et constitue un véritable refuge du mode de vie romain. Paral- lèlement, le développement au grand jour du christianisme, devenue religion de l’Empire par la volonté de l’empereur Théodose II, entraîne à Mar- seille de grands bouleversements. Le premier d’entre eux est la construction de la cathédrale, dans une zone excentrée mais qui domine la mer. Bâtie autour de 400, elle est jouxtée d’un baptis- tère monumental et d’un palais pour l’évêque. Autour de la cité, sur les anciennes nécropoles qui restent toujours actives, s’installent des basiliques funéraires qui permettent le culte de personnes révérées, comme celle qui est dédiée à saint Victor, sur la rive sud. Cette dernière sera ensuite trans- formée en monastère à l’époque carolingienne. C’est ainsi que Marseille prolonge la culture antique jusqu’au début du VIII e siècle. Le pillage de la ville par les troupes de Charles Martel, en 737-738, marque une quasi-disparition de la cité pour quelques siècles, au profit d’Arles, sa rivale. Durant ces siècles troublés, la ville se replie à l’intérieur de deux enceintes réduites : à l’ouest, une ville épiscopale, qui protège la cathédrale et la par- tie haute jusqu’au promontoire Saint-Jean; à l’est, une ville comtale, qui comprend la butte des Carmes et descend jusqu’au rivage du port. Sur le pourtour extérieur, l’enceinte hellénistique est toujours en usage. Mais entre les deux villes réduites s’étend un vaste terrain totalement déserté. À partir du XI e siècle, la nouvelle dynastie des vicomtes de Marseille crée à cet endroit un monastère de femmes, le couvent Sainte-Marie, renommé ultérieurement Saint-Sauveur. À la même période, l’abbaye Saint- Victor est refondée et richement dotée par les vicomtes, et une pre- mière extension urbaine a lieu autour de la porte d’Italie. Un siècle plus tard, un véritable lotissement destiné à rebâtir toute la partie méridionale de l’espace entre les deux villes réduites est mis en place par le couvent Saint-Sauveur, tandis que d’autres apparaissent le long du rivage et dans l’emprise de la deuxième extension de l’enceinte à la fin du XII e siècle. À L’ORIGINE DU FACIÈS ACTUEL DE LA VILLE À l’aube du XIII e siècle, la ville a retrouvé la tota- lité de son emprise urbaine, grâce à un commerce méditerranéen particulièrement actif, en lien avec les croisades. Par la suite, des faubourgs s’instal- lent le long des fortifications, agrégés autour d’en- sembles religieux particulièrement nombreux. Mais des difficultés démographiques (dues notamment à la peste noire au milieu du XIV e siècle) ou des faits de guerre (comme les bandes armées démo- bilisées par la guerre de Cent Ans qui ravagent la Provence) vont entraîner un repli dans les murs de la cité. La prise et le sac de la ville par les Catalans en 1423, puis le siège de Marseille par les troupes de Charles Quint en 1524 comme les guerres avec le duché de Savoie obligent les habitants à rester confinés à l’intérieur de leurs murs. La ville se den- sifie, l’espace public disparaît au profit des habita- tions de plus en plus nombreuses, jusqu’à l’agrandissement de la cité voulue par Louis XIV, qui donnera une véritable respiration à sa popula- tion (et enrichira ceux qui possédaient les terrains désormais urbains). C’est à ce moment que la par- tie orientale et, surtout, la rive sud deviennent les nouveaux espaces à bâtir, élargissant considéra- blement l’emprise urbaine de Marseille. Détail de la vue de Marseille par Aulagnier. À noter que le clocher de Saint-Laurent (n o 5) est représenté sous sa forme médiévale, antérieure à 1666. © Musée d’Histoire de Marseille

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