Extrait Art et Métiers du Livre
AML N° 357 37 L’atelier d’Astrid de La Forest ou le hangar à bateaux Décrire ce qu’il y a sur les murs, sur le sol et dans les placards d’un atelier d’artiste aide quelque peu à le ou la comprendre et permet d’en parler sans se sentir obligé de louer son talent. C’est l’occasion d’entrevoir, naïvement exposé aux yeux du visiteur curieux, un peu du mystère de l’art puisque c’est là qu’il est conçu, enfanté, et qu’il grandit peu à peu, au milieu des outils, des livres, des affiches jaunies, des vieilles photos et des cartes postales écornées, toute sa famille. Suivez le guide ! Par Maxime Préaud, graveur, conservateur honoraire au département des Estampes et de la Photographie, Bibliothèque nationale de France Page de gauche : #ÙTÏ CHUR ¥ -AXIME 0RÏAUD Ci-contre : ,A VERRIÒRE DONNANT SUR LE JARDIN ¥ -AXIME 0RÏAUD Q uand on entre dans l’atelier d’Astrid de La Forest, on se dit que la province a du bon, finalement, même pas très loin de Paris, y compris dans une bourgade où je n’ai pas vu un seul bistrot. À Paris tout est de plus en plus étriqué, à l’intérieur comme à l’extérieur, et encombré d’un tas de gens qui viennent, de loin parfois, pour y regarder leur smartphone, accessoirement la tour Eiffel et la Joconde. Thomery, c’est plus calme, il n’y a pas de touristes pour l’instant, on attend que l’atelier d’Astrid soit transformé en musée. Ce samedi 17 décembre 2022, journée gris pâle, les forêts alentour, sapins verdâtres, bou- leaux nus et chênes rouquins, sont blanchies d’une mince couche de neige. Le givre sur l’herbe rase des jardins qui descendent en pente douce vers la Seine craque sous les pieds. On ne peut que deviner l’eau dans laquelle, selon la tradition locale, nos rois venaient faire trempette quand ils logeaient à Fontainebleau et que la saison s’y prêtait. Le fleuve est propre, paraît-il, en amont de la capitale. La rive droite, au-delà du jardin, est dessinée par le train qui passe. Vaste comme une église Dans l’espace occupé parAstrid, nettement séparé de la maison d’habitation, logeait autrefois une péniche ; une petite péniche. La grande porte en bois à deux battants massifs qui l’isole toujours du monde exté- rieur est secondée par une verrière par laquelle, en même temps que la lumière, on entre dans l’atelier ; deux fenêtres situées
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