Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 352 49 Q u’est-ce qui anime Lise Follier- Morales, artiste aux multiples talents – graveuse en taille-douce et taille d’épargne, peintre, céra- miste, sculptrice – et à l’œuvre protéi- forme ? De la recherche de la beauté à celle de la perfection en passant par une curiosité esthétique et technique insatiable, plusieurs réponses sont possibles. La solu- tion est peut-être à chercher dans le film Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard, quand le réalisateur américain Samuel Fuller donne une définition lapidaire du cinéma : « In one word : emotion ! » Pour la peintre-graveuse aussi, l’art semble être avant tout émotion. L’atelier, ordre et fantaisie Si on admet que l’atelier d’un créateur est révélateur de son monde, celui de Lise Follier-Morales, niché au fond d’un immeuble d’une rue très commerçante du X e arrondis- sement de Paris, peut apporter aussi des pré- cisions : après avoir traversé une enfilade de cours et couloirs,dont le dernier très sombre, vous vous trouvez devant une petite porte ouvrant sur une vaste et haute pièce aux murs bleu-gris, qui, bien que débordante d’objets en tous genres, donne une impres- Lise Follier-Morales, la traversée des apparences Les planches perdues de Lise Follier-Morales font vibrer la lumière, comme un cristal léger. Voyage dans l’atelier de la graveuse, peuplé de fleurs, de fruits, d'animaux et d'objets singuliers, où, mobilisant les ressources de son habileté technique et de son invention esthétique, elle crée ces images qui donnent à voir la note claire de la transparence. Par Laurence Paton Lise Follier-Morales, 2021. © Angel Morales. Page de gauche : Musique de Bach, La Passion selon saint Jean, 2021, linogravure à planche perdue, 16 passages de couleurs. Ci-dessous : L’atelier de Lise Follier-Morales, première pièce. © Laurence Paton. sion de calme et d’ordre. Une conception romantique de la création voudrait qu’elle s’effectue dans le plus grand désordre ; ici ce n’est pas le cas.Tout y est rangé, étiqueté et pensé. Rien n’est laissé au hasard et, quand la graveuse vous offre à boire, c’est de l’Eau Forte, un nectar du Beaujolais… Accueilli par un autoportrait de Rembrandt imprimé à la Chalcographie du Louvre et l’Ange de la Mélancolie de Dürer revu par Maxime Préaud ( Albert et Maxime , linogra-

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