Extrait Art et Métiers du Livre

4 AML N° 351 L’ A C T U A L I T É d es expositions Les livres précieux d’Anne de Beaujeu européenne en affermissant son frère sur le trône de France et en lui faisant épouser l’héritière Anne de Bretagne, ce qui entraînait une redistribution des alliances. Des lettres de la main de la princesse et portant sa signature en témoignent au cœur de l’exposition. Femme de tête élevée dans les premiers cercles du pouvoir, Anne de France, fille de roi, est mariée à 12 ans à Pierre de Bourbon, proche conseiller de Louis XI. Son mari a 23 ans de plus qu’elle, ce qui n’a alors rien d’exceptionnel. Dans l’entourage de la princesse, on trouve non seulement des hommes de guerre et de religion mais aussi Il y a 500 ans disparaissait l’une des figures féminines les plus importantes de notre histoire : Anne de France, dite Anne de Beaujeu (1461-1522). Le musée de Moulins, en partenariat exceptionnel avec la Bibliothèque nationale de France et le musée du Louvre mais aussi la National Gallery et laWallace Collection de Londres, rend hommage à ce brillant person- nage, princesse des arts et mécène. de nombreux artistes, peintres, sculpteurs ou enlumineurs. Du fait de sa position et de sa fortune, la dame de Beaujeu est un des grands mécènes de son temps. S’entourer d’objets d’art est, en outre, une manière de marquer sa puissance pour celle qui ne signe jamais au- trement qu’Anne de France afin de rappeler la valeur du sang royal qui coule dans ses veines. À l’époque où les rois de France commencent à s’aventurer en Italie, elle s’inté- resse à l’art de la Renaissance sans abandonner pour autant les ar- tistes septentrionaux attachés au duché de Bourbon de son époux et dont le plus célèbre est le peintre Jean Hey, auteur de por- traits de membres de la famille. Élevée à la cour dans le Val de Loire, héritière de l’importante bi- bliothèque de sa mère Charlotte L’histoire mit la dame de Beaujeu, sœur aînée du roi Charles VIII, en position de conseiller son frère, trop jeune pour régner en 1483. Leur père, le roi Louis XI, grave- ment malade et cherchant qui pou- vait assurer la régence, aurait tenu ces propos : « C’est la moins folle femme du monde, car de sage il n’y en a guère. » Mais cette désigna- tion d’une femme irritant les grands seigneurs du royaume fut à l’origine d’une guerre qui ne s’ache- va qu’en 1488 alors que CharlesVIII était âgé de 18 ans. Dans l’inter- valle, Anne avait eu le temps de déployer tous ses talents diploma- tiques et de peser sur la politique De haut en bas : Jean Hey, dit aussi le Maître de Moulins (actif à Lyon et à Moulins entre 1480 et 1508), Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon (1462-1522), présentée par saint Jean l’Évangéliste , vers 1492-1493, huile sur bois (chêne), 73 x 53 cm, Paris, musée du Louvre, département des peintures, inv. RF 535. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot. Panneau aux armes de Pierre II de Bourbon et Anne de France , entre 1488 et 1503, bois (noyer ou bois fruitier ?), polychromie, dorure et argenture, 58 x 92,5 cm, inv. 95.112.1, Moulins, musée Anne-de-Beaujeu. © Musée Anne-de-Beaujeu /Jérôme Mondière.

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