Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 341 55 L es années 1820 sont une période riche en innovations et le livre n’est pas à l’écart de cette évolution. La demande de papier est importante, en pro- duire de nouveaux, c’est anticiper les besoins et les envies de modernité.En 1827 un brevet de « papier porcelaine » est déposé en Alle- magne ; en 1837 Godefroy Engelmann, litho- graphe à Mulhouse, brevette la chromolitho- graphie pour son Traité de lithographie , qui paraît deux ans plus tard et dont la page de titre est imprimée en chromolithographie… sur papier porcelaine. Pendant un peu plus de 45 ans, le papier porcelaine est utilisé dans toute l’Europe, ou presque, pour un grand nombre d’usages, – livres, cartes commer- ciales, de visite, de membre, invitations… –, puis il tombe peu à peu dans l’oubli, souvent Le papier porcelaine et ses utilisations, une histoire oubliée Le papier porcelaine connaît de belles heures en France tout au long du XIX e siècle grâce à son aspect élégant, très blanc et ve- louté. Il séduit les lithographes, parmi lesquels Godefroy Engel- mann ou Louis Barbat, les éditeurs de cartonnages romantiques, les artisans et commerçants qui l’utilisent pour leurs cartes de visite enrichies d’illustrations colorées. Si elles sont abondam- ment collectionnées en Belgique par exemple, elles sortent ici de l’oubli grâce à un passionné qui a mené l’enquête. Par Remy Bellenger, éditeur et auteur, avec la participation d’ Oulfa Belhadj , assistante ingénieure (CNRS), et de Marie Radepont , ingénieure de recherche (CNRS) au Centre de recherche sur la conservation, Muséum national d’histoire naturelle, Paris Page de gauche : Godefroy Engelmann, Traité de lithographie , 1839, page de titre sur papier porcelaine. remplacé par une autre innovation : le papier couché. Le support – du papier, de la carte ou du carton – est recouvert de céruse d’un blanc couvrant lui donnant une qualité de surface irréprochable et d’un blanc inconnu jusque-là, raison de son nom : papier porce- laine. C’est une révolution. Des fabricants prennent même l’habitude de polir le papier afin d’augmenter son aspect brillant. Autre avantage, ce support n’absorbe pas l’encre, elle reste en surface, évitant les effets de bord dentelé que l’on observe souvent sans ce traitement. Sur le papier porcelaine, la finesse des traits est remar- quable et les illustrations sont d’une grande définition.C’était il y a presque deux siècles. Si les collectionneurs de cartes porcelaine Remy Bellenger.

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