Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 340 55 est accompagné de figures qui font allusion à des têtes de Méduse sans cesse différentes. » Méduse (2016) fait écho à ce livre. C’est une publication élaborée « à partir d’une plante très courante dans la nature, le lichen ». Dans ces deux ouvrages,les images sont le plus sou- vent positionnées dans l’entre-deux-pages, ce qui n’est pas sans évoquer les taches d’encre utilisées dans le test dit de Rorschach. La lecture : entre visible et invisible, lisible et presque illisible. Donner à lire, c’est donner à voir. Jean-Claude Loubières est attentif à tous les aspects de la lettre. Il sait jouer avec les mots autant qu’avec les questions de perception et de lisibilité. Le langage est un des matériaux essentiels de ses livres : expressions, c’est-à-dire mots-images, double sens des mots, mise en désordre des lettres des mots, inventaire de mots courts, mots à lire et même mots à dire différemment selon les langues auxquelles ils appartiennent, etc. Dans Cookie mania (2003), on découvre « un texte écrit avec des biscuits en forme de lettres, il est question d’une menace qui pour- rait rendre ce texte illisible ». L’Orrde des lrttees (2006) poursuit cette question en mélangeant les lettres des mots d’un texte. Dans L’R de rien (2016), Jean-Claude Lou- bières s’inspire d’un entrefilet dans la presse locale. Il parle d’un couple de retraités qui « est arrivé à LOUDES, voulant aller à LOURDES… ». Partant de là,il décide de faire disparaître toutes les lettres R d’un texte. L’image photographique. Le recours à la pho- tographie est une constante, qu’il s’agisse de ses propres photos, de celles d’autres photo- graphes, anonymes ou pas. Il s’intéresse aussi à l’éventail des procédés photographiques mis au point en France et dans le monde anglo-saxon, notamment ceux permettant les formats panoramiques.Ainsi The Motel Insom- nia (2010) sur de courts textes d’Anthony Seidman : « L’édition se compose de neuf bandes pliées qui enserrent neuf photos de paysages en couleur. La réalité est distordue car on a l’impression que les paysages sont étirés en largeur un peu comme des visions nocturnes peuplant les nuits d’insomnie. » De haut en bas : L’R de rien ,conception et réalisation de Jean-Claude Loubières,2013 (réédition en 2016), impression en sérigraphie, papier 160 g,carton gris 400 g, couverture 10,5 x 15,5 cm, leporello de 1 m,100 ex. numérotés. The Motel Insomnia , texte anglais Anthony Seidman, traduction Gilles Roudier, photographies, conception et réalisation de Jean-Claude Loubières, 2010, impression aux encres pigmentaires, papier 160 g, emboîtage 30,5 x 25,5 x 1,6 cm contenant 9 dépliants 25 x 100 cm comportant chacun une photo 25 x 60 cm sur calque, 60 ex. numérotés. « Le recours à la photographie est une constante, qu’il s’agisse de ses propres photos, de celles d’autres photographes, anonymes ou pas. »

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