Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 337 5 La Cinémathèque française à l’honneur À quoi ressemblent vos collections ? Nos collections ont été constituées dès la création de la Cinémathèque, en 1936, par Henri Langlois. Elles couvrent non seulement toute l’his- toire du cinéma depuis ses origines, vers 1895, mais également ce qui l’a précédé, notamment l’histoire de la projection lumineuse et de la lanterne magique.Nous détenons par exemple les premiers traités d’optique des XVI e et XVII e siècles. Depuis la dispa- rition d’Henri Langlois en 1977, ce fonds originel n’a cessé de s’enrichir par des acquisitions et surtout des dons. Aujourd’hui il compte 40 000 films, ainsi que de nombreuses pièces tout aussi importantes : un million de photographies originales, 31 500 dos- siers d’archives sur papier (scénarios, correspondance), 22 500 affiches, 16 500 dessins (maquettes de décor à plat, story-boards, dessins animés, dessins de presse), 3 000 costumes, plus de 4 000 appareils et machines… Pourquoi comportent-elles une forte dimension internationale ? Cela s’explique par des raisons his- toriques. Dans les années 1930, il existait très peu d’établissements similaires, hormis dans les pays tota- litaires, la Russie soviétique, l’Italie fasciste ou l’Allemagne nazie. Il faut citer l’exception du MOMA de De haut en bas : Oculus artificialis teledioptricus, siveTelescopium , Johann Zahn, sumptibus J. C. Lochneri, 1702, deuxième édition, illustration : trois représen- tations de lanternes magiques. Triple lanterne magique diteTriunial, Londres, Riley Brothers, 1885. NewYork, qui avait ouvert une sec- tion cinéma en 1935. Compte tenu des événements politiques, beau- coup de réalisateurs nous ont confié des collections, comme Fritz Lang ou Eisenstein. Ensuite, les choses ont évolué. De nombreux pays ont créé leur propre cinéma- thèque et récupéré une partie de leur patrimoine. Langlois a d’ailleurs beaucoup contribué à la création de cinémathèques étrangères, comme celles de Rio et de Buenos Aires. Mais nous conservons des fonds étrangers importants, par exemple américains ou japonais. Les archives de Youssef Chahine, le plus grand réalisateur égyptien, se trouvent chez nous. Concernant les fonds d’archives, vous insistez sur l’apport des scriptes. Pourquoi ? Ce métier est mal connu du grand public mais s’avère précieux pour les conservateurs du patrimoine. Le scripte est la personne qui conserve le plus d’éléments autour d’un film. C’est la mémoire de la préparation et du tournage. Nous avons noué une relation de confiance avec l’asso- ciation professionnelle Les Scriptes associées. Beaucoup nous ont confié leurs archives. Ces documents exceptionnels, bien que difficiles à comprendre pour les non-initiés, permettent de retracer les grandes étapes de l’histoire du cinéma. De nombreuses scriptes françaises ont travaillé avec des réalisateurs améri- cains quand ils venaient tourner en Europe. Je pense à Lucie Lichtig ou Sylvette Baudrot, qui a commencé sa carrière dans les années 1950 avec Hitchcock. Elle continue de collabo- rer avec des réalisateurs comme Roman Polanski ou Costa-Gavras. Dès qu’elle a terminé un tournage, elle vient tout déposer ici ! Fondée en 1936 pour sauvegarder le patrimoine d’un art encore juvénile, la Cinémathèque française est l’invitée du Salon du livre rare. L’occasion de découvrir les trésors méconnus de cette institution. Rencontre avec Joël Daire, son directeur du patrimoine. Salon international du livre rare et de l’objet d’art

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