Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 336 49 R ien d’inexact. Rien qui ne soit tout à fait vrai. Rien qui ne soit exacte- ment pensé et prévu, le dessin advient et se pose sur la page éphéméride des carnets. La date du jour renseigne uni- quement sur elle-même », peut-on lire dans un texte récent de Luc Desportes sur cette artiste. Née à Paris en 1968, Magali Martija Ochoa est, très tôt, attirée par les expériences peu habituelles, dans lesquelles elle plonge d’une façon quotidienne et assi- due ; dessiner, c’est son instrument de recherche – l’un des plus faciles d’accès qui soient, l’un des plus expérimentaux aussi. Un cursus en lettres modernes et un mémoire sur Les jardins dans les romans du XVIII e siècle, une formation éditoriale puis des cours de dessin auxAteliers beaux-arts de la Ville de Paris, de 1997 à 2001, et à l’École nationale supérieure du paysage, composent le creuset des goûts et pra- tiques de cette femme de lettres et d’images Magali Martija Ochoa, dessins et livres d’artiste Le renouveau des pastels enluminés L’œuvre sur papier de Magali Martija Ochoa se découvre au fil de ses carnets enluminés au pastel, dans lesquels elle mêle souvent lettres et images. Des scènes précises, des épisodes traités en une densité symboliste ou en bribes indicibles et savamment présentes révèlent un imaginaire qui n’est pas sans rappeler celui de Jean Delpech, esprit voyageur et curieux de tout. Parcours onirique dans la lignée d’Odilon Redon, voire de Jean-Michel Folon, tranches de vie et de rêve évoquant Leonor Fini ouVéronique Durieux. Par Christophe Comentale, conservateur en chef honoraire au Muséum national d’histoire naturelle Magali Martijia Ochoa. © Pascale Mauffret. Page de gauche : Montagnes russes , 180 pages, 14 x 21,5 cm, pastel gras, crayons, huile sur papier, double page « un feu d’artifice de silences », 2011, détail. Ci-dessous : Magali Martija Ochoa à la galerie Malebranche lors de l’exposition collective «Voyages à l’intérieur de ma vie », hiver 2018. © DR. peintes. Elle commence ses carnets en 1998 – elle a alors 30 ans –, la session 2001 de la Nuit de la peinture leur donne un écho relayé par des expositions, en France, notamment dans les galeries Marches à suivre, Malebranche, Frédéric Moisan ou encore Antonine Catzéflis et, plus loin aussi, à Berlin, Bruxelles et en Amérique latine (Arequipa, Pérou). Du bon usage des supports À ce jour, un ensemble de quelque vingt carnets a été réalisé. Le premier constat face aux carnets, livres d’ar- tiste, journaux « de ressen- tis » de Magali Martija Ochoa est des plus objectifs, presque banal : elle s’empare de tous formats et sens – à l’ita- lienne… –, de feuilles de diffé- «

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