Extrait Art et Métiers du Livre

4 AML N° 335 L’ A C T U A L I T É d es expositions Les coffrets à estampe Environ 140 coffrets à estampe ont été à ce jour identifiés à travers le monde. Près d’une quarantaine sont ici exposés pour la première fois, conservés au musée de Cluny mais aussi à la Bibliothèque nationale de France,à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et au Kupferstichkabinett de Berlin. Ces petits meubles en bois de hêtre ont de quoi surprendre : bardés de fer et couverts de cuir, ils possèdent une serrure à mécanisme secret et un compartiment de faible profondeur dissimulé dans leur couvercle, au revers duquel on découvre une estampe coloriée au pochoir. La plu- part des images présentées sont le témoignage de la production d’un artiste particulièrement fécond, actif à Paris de 1490 à 1508, Jean d’Ypres. Les habitants de Recanati partent en Judée et à Nazareth mesurer les fondations de la Santa Casa , xylographie coloriée sur papier vergé collée sous le couvercle d’un coffret, vers 1510, musée de Cluny. © RMN-Grand Palais (musée de Cluny, musée national du Moyen Âge) / Stéphane Maréchalle. Des cycles iconographiques se dégagent, consacrés à la Passion du Christ ou aux saints (laVierge Marie, Marguerite,Christophe,Roch,Sébas- tien…). Il s’agit là des plus anciennes gravures sur bois françaises connues, élaborées aux alentours de 1490- 1500. L’usage de ces mystérieux cof- frets est sans doute à relier au déve- loppement de la devotio moderna , qui encourage la prière et la piété dans la sphère privée, avec l’appui d’outils imagés. Ils pouvaient également ser- vir de porte-documents. Quant aux logettes secrètes, malheureusement toutes fracturées, peut-être renfer- maient-elles une relique ou une médaille jalousement conservée par leur pieux propriétaire. Stéphanie Durand-Gallet Mystérieux coffrets. Estampes au temps de la Dame à la licorne, jusqu’au 6 janvier 2020, musée de Cluny, 28, rue Du Sommerard, 75005 Paris.Tous les jours sauf le mardi de 9h15 à 17h45. Tél. : 01 53 73 78 00, site Internet : musee-moyenage.fr . Catalogue, Liénart éditions, 104 p., 25 €. Affiches cubaines Jusqu’à 1959 et l’arrivée de Fidel Cas- tro au pouvoir, l’affiche cubaine est essentiellement commerciale. Elle vante la consommation de produits d’importation,prenant pour modèle la publicité américaine dont la présence est fortement encouragée par le régime républicain.Avec la révolution, changement de cap. Exit l’affiche com- merciale – interdite par le ministre de l’Industrie Che Guevara –, vive les affiches politiques et culturelles ! Les premières sont éditées par deux orga- nismes : l’OSPAAAL (Organisation de solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine) et leDOR (Département d’orientation révolu- tionnaire). On doit aux artistes Félix Beltrán etAlfredo Rostgaard quelques- unes de leurs plus belles réalisations. Les secondes sont,quant à elles,exclu- Alfredo Rostgaard, ICAIC décimo aniversario , 1969. © MAD Paris / photo : DR. sivement liées au cinéma.Dans un pays qui, en 1943, compte 422 salles, le cinéma devient l’un des principaux outils d’éducation du peuple. L’ICAIC (Institut cubain d’art et d’industrie cinématographique) est le plus impor- tant commanditaire d’affiches et impose rapidement un style. On retiendra les noms de René Azcuy Cárdenas,Niko, Eduardo Muñoz Bachs, Antonio Reboiro. Ils puisent leur inspi- ration dans les courants artistiques contemporains,le pop art,le psychédé- lisme ou encore le cinétisme.Alors que de nombreux pays communistes sont soumis au dictat esthétique du réalisme socialiste,Cuba prône une liberté totale sur le plan formel.La renommée de ses affichistes est alors à son sommet. S. D.-G. Affiches cubaines : révolution et cinéma 1959-2019, jusqu’au 2 février 2020, musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris. Du mardi au dimanche de 11h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h.Tél. : 01 44 55 57 50, site Internet : lesartsdecoratifs.fr

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