Extrait Art et Métiers du Livre n°331

Prisca Joubert, la reliure des profondeurs 28 AML N° 331 Formation continue Retour aux sources. L’étudiante des années 1990 entre à l’École du Louvre et comprend vite qu’il lui faut un métier manuel : « J’étais passionnée par l’univers du livre, je me suis dit que j’allais en fabri- quer. » Une visite au CALE (Centre des De haut en bas : Jean-Noël László, Olivier Salon, JJJJJJ , héliogravure de Fanny Boucher, Éditions Marius Bar, 2012, n° A1/4 tirage de tête sur Dibond d’argent, étui en Plexiglas. Montage sur onglets compensés gainés de cuir noir, fixation par rivets métalliques, surpiqûres de fils de lin colorés sur plein cuir simili croco, 2018. Dorure Damien Lebeuf. © Jean-Noël László. Ébène , 2000, livre d’artiste préparé dans le cadre du DMA de l’École Estienne, papier fait main au Moulin du Verger, exemplaire unique. Reliure à mors ouvert avec plats en ébène brut à bords chanfreinés, marqueterie d’ivoire végétal, couture sur rubans de parchemin, 2000. Dorure Prisca Joubert. « Prisca peut revisiter les classiques du plein cuir, préférer le bradel pour son élégance, ajouter un élément décoratif sur le dos avec une structure à mors ouvert, choisir une reliure souple ou flottante qui facilite la consultation à 180°, etc. » arts du livre et de l’en- cadrement) lui révèle l’existence de la reliure. Elle enchaîne CAP, BMA et DMA dans une insatiable fringale. Diplômée de l’École Estienne en 2003, elle obtient une bourse d’encouragement aux métiers d’art pour compléter sa formation au sein de l’atelier Devauchelle : « C’était une expérience fantastique.Ils m’ont donné leur savoir et la confiance pour me lancer. » Volontaire, elle passe de nombreux concours et rem- porte plusieurs prix. La voilà partie. Son créneau ? La reliure de création pour un public d’amateurs et de bibliophiles. Cette adepte du dialogue prend le temps de dis- cuter avec ses clients, histoire de bien cer- ner la demande. Elle laisse ensuite libre cours à son inspiration pour enfanter une œuvre unique. Prisca peut revisiter les classiques du plein cuir, préférer le bra- del pour son élégance, ajouter un élément déco- ratif sur le dos avec une structure à mors ouvert, choisir une reliure souple ou flottante qui facilite la consultation à 180°, etc. « Si j’en reste aux cinq ficelles, je m’ennuie », s’ex- cuse-t-elle. La jeune femme complète sa palette de savoir-faire par des stages réguliers auVésinet : « J’ac- corde beaucoup d’impor- tance à la formation conti- nue. J’essaie de transmettre cet état d’esprit à ma fille en lui conseillant d’apprendre chaque jour quelque chose de nouveau, quel que soit le domaine.» Et d’ajouter : « Je me sens plus artisan d’art qu’artiste, car l’aspect tech-