Extrait Art et Métiers du Livre n°331

AML N° 331 51 O n ne tombe pas en arrêt devant une œuvre de Philippe Favier. Pas de signe distinctif qui s’impose au regard, du moins dans un premier temps, pas de formats démesurés comme les dernières décennies nous ont habitués à en voir, pas de rhétorique pesante pour mettre en avant un quelconque discours sur l’art, pas de signature visuelle aguicheuse. À l’inverse, des formats inhabituellement réduits, des saynètes discrètes, un graphisme presque minimal. Et cependant l’œil s’arrête, capté comme peut l’être l’oreille par le discours d’un conteur talentueux, retenu par la part de mystère que délivre chacune de ces images. Ainsi aborde-t-on le plus souvent ce théâtre Les petits contes drolatiques de Philippe Favier Jamais à court d’idées, imprévisible et attachant, ainsi se présente Philippe Favier, dont l’œuvre se construit à partir de quelques lignes directrices qui doivent beaucoup à la force d’entraînement des émotions nouvelles, à l’observation décalée de ses semblables et à son goût jamais démenti pour le livre et pour l’écrit. Ainsi peut s’aborder cette création en perpétuel développement qui ne saurait se comparer à rien d’autre. Par Gérard Sourd, conservateur en chef honoraire des bibliothèques Philippe Favier dans la cour de son atelier à Châteaudouble, dans la Drôme, en 2018. © Philippe Petiot. Page de gauche : Meurtre en Saône-et-Loire , 2008, encre de Chine et aquarelle sur une carte gravée du XIX e siècle, 33 cm de diamètre. Ci-contre : Hamburger Hill, 1980, stylo-bille sur papier d’enveloppe, 24 x 24 cm. intérieur : presque malgré soi, avant de s’y attarder. Tout a vraiment commencé au début des années 1980 par des dessins au stylo-bille ( Maudit Bic ) soigneusement découpés avant d’être fixés directement sur le mur. Une technique du presque-rien qui évoque immédiatement l’enfance, ce paradis perdu auquel Favier se réfère volontiers comme artiste. Une enfance qui reste associée au souvenir des longues heures passées dans l’entassement des stocks qui faisaient de la mercerie familiale une île aux trésors qu’il ne se lassait pas de découvrir. On retrouve aujourd’hui la trace directe de ces moments enchantés dans la présence des

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