Extrait Art et Métiers du Livre

Louis Richebé. Revue de presses 44 AML N° 330 yeux.Il estime que,dans la plupart des cas, les graveurs n’utilisent pas la bonne presse pour leur travail, ou bien utilisent mal celle dont ils dis- posent, le pire étant qu’ils ne s’en rendent pas compte. En revanche, il professe une certaine admiration pour les frères Crommelynck, impri- meurs de Picasso :Piero,plus sensible selon lui, et Aldo, plus technique ; si l’on veut voir ce que l’on peut faire avec une bonne presse, il faut regar- der les tirages d’Aldo. La mère de Bruno Gary était littéraire, son père technico-commercial et son grand- père armurier. Louis et Bruno se trouvent des intérêts communs et ils vont faire beaucoup de choses ensemble pendant plusieurs années, Louis à la mécanique et Bruno au relationnel.Louis travaille un moment avec Mario Parlato, qui a une entre- prise de mécanique à Saint-Maur,spé- cialisée dans la « rectification cylin- drique », ce qui n’est pas de peu d’intérêt quand on pense aux presses. Il est vrai, dit-il, qu’il y a dans cette ville tout un bassin d’activités et beaucoup de petites entreprises remar- quables. Mais maintenant il travaille tout seul. Autour de l’atelier de lithographie gravitaient des artistes, comme il est naturel, et Louis s’est rendu compte qu’il y avait là des gens avec qui discuter d’autre chose que de mécanique. Et vice versa. Les artistes savaient qu’ils pou- vaient lui faire confiance quand il tra- vaillait pour eux parce qu’il comprenait ce qu’ils voulaient et ce dont ils avaient besoin pour leur création. De haut en bas : Abraham Bosse, Les Imprimeurs en taille-douce , 1642, eau-forte. © DR. Prototype d’une presse de Louis Richebé, cylindre 52 cm. © DR. qu’il y a derrière l’estampe tout un monde mécanique et donc largement de quoi l’occu- per. Lui ne pratique pas : la seule chose qui l’intéresse dans les arts graphiques en général et l’estampe en particulier, qu’il s’agisse de lithogra- phie, de taille-douce ou de taille d’épargne, c’est la manière dont l’œuvre est imprimée. Lorsqu’il donne son avis sur une estampe, c’est uniquement de ce point de vue-là, et peu d’imprimeurs amateurs, comme sont beaucoup d’artistes aujourd’hui, trouvent grâce à ses Transcription en français moderne : « Cette figure vous montre comment on imprime les planches de taille-douce / L’encre en est faite d’huile de noix brûlée et de noir de lie de vin, dont le meilleur vient d’Allemagne. L’imprimeur prend de cette encre avec un tampon de linge, en encre sa planche un peu chaude, l’essuie après légèrement avec d’autres linges, et achève de la nettoyer avec la paume de sa main. Cela fait, il met cette planche à l’envers sur la table de sa presse, applique dessus une feuille de papier trempé et reposé, et couvre cela d’une feuille d’autre papier et d’un ou deux langes, puis, en tirant les bras de sa presse, il fait passer sa table avec sa planche entre deux rouleaux. »

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