Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 325 5 L’IMEC ou la mémoire vive des auteurs et des éditeurs En Normandie, aux environs de Caen, l’abbaye d’Ardenne accueille l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC). Une collection riche et dynamique mise à l’honneur cette année sous la verrière du Grand Palais. Entretien avec Nathalie Léger, directrice générale. Comment est né l’IMEC ? C’est encore une jeune institution… Je dirais que nous sommes entrés dans l’âge de raison. Nous sommes effecti- vement une institution jeune dans le champ du patrimoine écrit aux côtés d’établissements vénérables, notam- ment les grands établissements publics comme la BnF. Cependant, nous fêtons notre trentième anniversaire et nous apparaissons comme un acteur confirmé du secteur grâce à l’ampleur de nos collections, voulues à l’origine par les éditeurs. Aujourd’hui, l’IMEC conserve environ 750 fonds d’archives littéraires parmi lesquels se trouvent des auteurs majeurs comme Margue- rite Duras, Alain Robbe-Grillet, Phi- lippe Soupault, Louis Althusser, Emma- nuel Levinas, Jacques Derrida… C’est une grande et belle collection ouverte à la recherche, ce qui constitue un point fondamental pour nous. En 2004, vous avez quitté Paris pour vous installer dans une ancienne abbaye en Normandie. Comment habitez-vous ce site bien particulier ? Chaque lieu, surtout pour les archives, qualifie l’esprit d’une maison. L’abbaye d’Ardenne a infléchi les missions ini- tiales de l’IMEC et réciproquement... C’est une belle rencontre ! On peut vraiment dire que ce monument de près de 900 ans a été sauvé de la ruine par le projet initié par le conseil régio- nal de Normandie qui nous a invités à le rendre vivant et accueillant.En paral- lèle, les collections ont puisé une force nouvelle en s’appuyant sur la beauté du site d’abord et sur des spécificités autorisées par l’espace dont nous dis- posons. Les chercheurs peuvent y faire des résidences. C’est l’une des singula- rités de nos propositions. Pouvez-vous expliquer le principe de la résidence ? L’abbaye propose chambres et repas dans un cadre merveilleux. C’est un confort pour les chercheurs qui favo- rise les séjours au long cours. L’isole- ment, tout relatif, permet de se donner du temps sans pression d’agenda. Il est propice à la concentration.Cette singu- larité autorise aussi une certaine qualité des échanges entre des pensionnaires qui peuvent travailler dans des domaines très différents. L’interdisciplinarité est l’un des grands apports et enjeux de la recherche contemporaine. Comment s’organisent vos fonds ? Nos fonds ne sont pas répartis par grands ensembles documentaires : manuscrits, périodiques, cartes et estampes… Nous avons choisi de structurer notre collection en suivant le chemin qui conduit du processus de création à la sortie documentaire c’est- à-dire à la publication. Le premier ensemble concerne les auteurs. Il ne s’agit pas seulement d’écrivains, nous conservons les archives de metteurs en scène comme Patrice Chéreau ou de cinéastes comme Alain Resnais ou Éric Rohmer. Le deuxième ensemble, très important ici, à cause de notre histoire, c’est bien sûr celui des fonds d’éditeurs. La presse et les revues représentent le La salle de lecture se trouve dans l’ancienne abbatiale. © Philippe Delval.

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