Extrait Art et Métiers du Livre

AML N° 325 33 N ée à Lyon en 1955, Dominique Neyrod a commencé à peindre et à dessiner à l’âge de 12 ans. Elle n’a eu de cesse de venir vivre à Paris dès la fin de ses études secondaires en 1973 pour se former à la peinture à l’École nationale supérieure des beaux-arts, s’inté- grer à la vie artistique et entamer un par- cours universitaire qui allait la conduire à l’obtention d’une licence en histoire de l’art et archéologie, à une licence d’espa- gnol et à un doctorat de linguistique. C’est en 1982, déjà pourvue d’un solide bagage artistique, qu’elle s’initie à la gravure, par pure curiosité, à l’Académie Goetz-Dadé- rian. Elle est conquise dès son premier tirage et se forme au carborundum et à l’aquatinte avec un enthousiasme qui ne la quittera plus. Aujourd’hui, elle partage son temps entre une activité d’enseignante très prenante – elle est maître de conférences en linguistique à l’université du Mans – et sa pratique artistique associant dessin, pein- ture et gravure. Un tel parcours laisse deviner une puissance de travail peu ordinaire et une capacité à organiser chaque versant de son activité de façon rigoureuse et méthodique. Encore ne peut-on éviter la question qui se présente immédiatement à l’esprit : la recherche et l’enseignement à un niveau supérieur, par l’engagement intellectuel qu’ils exigent, conditionnent-ils le travail de création, ou Dominique Neyrod parvient-elle à expri- mer, comme artiste, une réalité intérieure sans lien avec son activité universitaire ? À cette question, la réponse de l’intéressée est sans ambiguïté : il n’y a pas de lien entre les deux. Si l’une influence l’autre, c’est plutôt l’activité artistique qui influencerait l’activité universitaire en lui permettant d’aborder certaines questions à partir d’une autre dis- position mentale et par d’autres processus de réflexion que ceux transmis par l’univer- sité. Et le fait d’enseigner une discipline sans aucun lien avec l’art ou l’histoire de l’art constitue en soi un gage d’autonomie en matière de création. Émotions littéraires Son goût immodéré pour la littérature – la poésie en particulier – sans distinction de continent ou d’époque, n’est en revanche Dominique Neyrod Culture et nature, l’impossible rupture Parce qu’elle a plusieurs cordes à son arc et une soif de découvertes toujours intacte, Dominique Neyrod vit son parcours artistique comme un engagement de toutes ses facultés pour traiter les thèmes qui lui sont chers et qui ne cessent pas d’être d’actualité. Par Gérard Sourd , conservateur en chef honoraire des bibliothèques Portrait de Dominique Neyrod. © DR. Page de gauche : Stations de l’herbe IV. Tramontane dans les herbes de la colline, 2002, aquatinte et eau-forte sur acier, trois plaques superposées, 61,5 x 49,5 cm. © Adam Rzepka.

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