Extrait Archéologia - HS n°37

L e mont Lassois s’appréhende comme un ensemble cohérent constitué d’un espace quasi urbanisé (un plateau sommital d’environ 5 ha), de fortifications (sur le rebord de plateau, les pentes et le bas des versants du mont Saint-Marcel), de nécropoles et d’habitats ouverts dans la vallée de la Seine. Il peut donc être rattaché aux sites dits princiers de cette époque (comme ceux de la Heuneburg, de l'Ipf et du Hohenasperg en Allemagne ou de Châtillon-sur-Glâne en Suisse), présentant tous un habitat de hauteur fortifié, polarisant dans leur environnement proche une concentration de riches sépultures à char, comme les tumulus de La Butte et de La Garenne à Sainte- Colombe-sur-Seine, qui abrite un mobilier d’importation le plus souvent d’origine gréco-étrusque. LES PALAIS DU PLATEAU SUPÉRIEUR La régularité de l’organisation du plateau supérieur suggère un ordonnancement initial et une maîtrise de l’exécution des travaux par le pouvoir en place. Les indices d’une hiérarchisation sociale sont perceptibles dans le bâti et les espaces enclos : les maisons classiques à deux nefs côtoient des bâtiments monumentaux à abside. Les prospections géomagnétiques, conduites par Harald von der Osten du service des fouilles du Bade- Wurtemberg, et les fouilles menées pendant une dizaine d’années ont révélé un habitat structuré d’où se détachent cinq structures palatiales. Au cœur de ce dispositif, et au centre de l’enclos le plus vaste, se trouvaient quatre grandes demeures absidiales, dont deux avaient des dimensions hors normes : 35 m de long pour 21 m de large pour la maison 1, et 25 m de long pour 11 m de large pour la maison 2. En 2013, une cinquième, de même ampleur que les précédentes (30 m de long et 18 m environ de large), a été découverte dans l’enclos voisin. Ces réalisations prouvent le niveau de maîtrise acquis par les Hallstattiens dans les techniques de charpenterie. Pour la maison 1, ils ont été capables de libérer de vastes espaces intérieurs (500 m 2 de superficie) en construisant un édifice dont la panne faîtière s’établissait à une hauteur de 15 m environ. La fonction exacte du bâtiment reste hypothétique : publique ou privée, lieu de pouvoir, Enclos des grands bâtiments absidiaux du plateau supérieur du mont Lassois. Dessin K. Rothe et N. Filgis d’après les données de B. Chaume, N. Nieszery, W. Reinhard et S. Beuchot VIX : UN COMPLEXE ARISTOCRATIQUE AU CŒUR DES PRINCIPAUTÉS DE L’ÂGE DU FER La tombe de la défunte de Vix n’est pas une sépulture isolée établie au milieu de nulle part. Elle appartient à un site beaucoup plus étendu, celui du complexe aristocratique de Vix, implanté sur le mont Lassois et dans son environnement. Ce complexe comprenant habitats et nécropoles incarne l’archétype d’une principauté celtique hallstattienne, c’est-à-dire du premier âge du Fer. Comment se présente-t-il ? Que nous révèlent les dernières découvertes archéologiques à son sujet ? Voici les premiers éléments qui plantent le décor urbain entourant cette fameuse tombe. 8 HORS - SÉRIE 37 ARCHÉOLOGIA

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz