Extrait Archéologia - HS n°37

ET et la transmission de ce savoir demeurent la meilleure conservation qui soit. C’est là une lecture large mais indispensable de la notion « d’archéologie préventive » : si les travaux modernes (constructions mais aussi labours) peuvent endommager un site, les variations climatiques ou, tout simplement, une dégradation naturelle peuvent effacer un gisement ou, a minima, entraîner une perte irrémédiable d’information. Les outils mis en œuvre depuis plus de 20 ans par l’Inrap, son implantation régionale, l’expérience acquise par ses chercheurs sur des milliers de chantiers annuellement explorés, ou les relations avec les autres institutions de recherche sont autant d’atouts dont dispose aujourd’hui l’Institut et qu’il peut mettre au service du patrimoine en danger. Profiter d’un tel chantier pour l’organiser comme un laboratoire hors les murs et un lieu de formation pour les étudiants spécialisés et futurs professionnels est également un volet opérationnel important. À Vix, le vaste tertre de 40 m de diamètre, bien qu’arasé, a livré de nombreuses informations que le lecteur va découvrir. Au centre du tertre, la chambre sépulcrale a été refouillée intégralement, quelques traces fugaces des parois en bois ont pu être observées, l’ensemble des remblais a été tamisé... et des centaines de nouveaux objets sont apparus tout comme des prélèvements archéobiologiques ont également pu être réalisés. Des études sont en cours et d’autres seront développées dans les années qui viennent. Le site va pouvoir être confronté – d’égal à égal – avec les autres découvertes plus ou moins récentes comme Lavau en France ou Hochdorf et la Heuneburg en Allemagne. Le potentiel patrimonial, culturel et touristique – donc économique – du site du mont Lassois et de ses alentours en sort renforcé grâce à cette opération exemplaire dont il nous plaît d’imaginer qu’elle fera école dans d’autres régions et pour des gisements de différentes périodes. Dominique Garcia, professeur des universités et président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives PROLOGUE « UN ÉVÉNEMENT SCIENTIFIQUE PATRIMONIAL MAJEUR » En 2019, soit 66 ans après les fouilles menées par René Joffroy et Maurice Moisson, les archéologues ont réinvesti le terrain où se trouvait la tombe aristocratique de Vix. L’opération, largement soutenue par la Drac, a été menée par l’Inrap sous la direction de Bastien Dubuis en partenariat avec le laboratoire ARTEHIS et grâce à l’expertise d’un conseil scientifique présidé par Bruno Chaume. Cette fouille programmée visait à redonner un contexte à cette extraordinaire sépulture de la fin du premier âge du Fer, en s’attachant à documenter l’état sanitaire du monument, son architecture et son histoire. En effet, en 1953, le mobilier avait été extrait de la chambre funéraire à la suite d’une fouille rapide réalisée dans des conditions météorologiques difficiles. Présenté dans le bel écrin du musée de Châtillon-sur-Seine, il ne donnait malheureusement à lire qu’une partie de son histoire et des doutes subsistaient sur le caractère exhaustif des découvertes. Quant au site lui-même, aujourd’hui propriété de la collectivité et classé au titre des monuments historiques, il ne conservait pas d’immenses secrets mais, tel un livre refermé et oublié, il ne contribuait plus à enrichir la narration de la civilisation celtique. Ici comme ailleurs, la gestion, même idéale, des vestiges et la protection administrative des lieux ne suffisent pas à garantir une conservation à long terme de l’histoire du site. Il était donc nécessaire de reprendre la fouille de la tombe, de retrouver les traces de l’ancienne excavation, de documenter précisément le site, de compléter l’information, de retrouver du mobilier nouveau permettant de saisir des aspects culturels, sociaux ou environnementaux originaux... En bref, de mettre en œuvre les protocoles les plus performants pour sauver le site et porter son étude au niveau le plus élevé du standard européen. Même s’il ne paraît pas menacé par un danger immédiat, retenons qu’aucun site n’est éternel, puisqu’il porte en lui sa propre histoire – qui a un début et qui aura une fin –, et que l’étude 4 HORS - SÉRIE 37 ARCHÉOLOGIA

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