Extrait Archéologia Hors-série n°36

10 Archéologia / hors-série n° 36 rendre compte de l’incroyable diversité des usages de ce matériau dans l’art égyptien, malgré une destination majoritairement funéraire. Le visiteur pourra ainsi Ŵâner au milieu de bijoux, de coffrets, de coupelles et de vases, de stèles, de statuettes et de statues… (voir portfolio p. 40-45). Des supports photographiques présentant des sarcophages et des éléments d’architecture permettent également de mieux apprécier cette richesse. Enfin, plusieurs ouvrages anciens et récents témoignent de l’évolution des connaissances épigraphiques, topogra- phiques et archéologiques du site. Vous accordez une place importante à l’archéologie expérimentale. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce point ? Lorsque Jérôme Fage a rejoint la mission en 2019 pour fouiller un bâtiment situé à proximité de la carrière P, il était également question pour lui de lancer des pistes de réŴexion autour des projets liés à l’archéologie expérimentale. Pionnier en la matière, le musée et sites gallo-romains de Saint-Romain-en-Gal a acquis une expertise remarquable dans ce domaine.Les recherches menées depuis 2012 à Hatnoub ont ouvert un large éventail de questionnements, surtout au sujet des techniques employées pour l’extraction, le transport et la taille de l’albâtre. C’est ainsi qu’a été lancée au musée, en avril 2022, la toute première résidence dédiée à l’archéologie expérimentale, permettant à Olivier Lavigne, maître tailleur de pierre, et à son équipe de collaborateurs de mettre à l’épreuve les hypothèses, les gestes et les outils en réalisant un lot de vases canopes* en albâtre tels qu’il en existait durant l’Ancien Empire (voir p. 46-49). Quel est le lien entre la carrière d’Hatnoub et les pyramides d’Égypte ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le lien entre Hatnoub et les grandes pyramides de Giza n’est pas l’albâtre, qui n’a jamais été uti- lisé pour la construction de ces tombeaux, mais la rampe qui a servi à sortir l’albâtre de la car- rière P d’Hatnoub (voir p. 54-55). C’est elle qui constitue le trait d’union entre ces deux sites. La rampe et son ingénieux système de halage des blocs sur une pente extrêmement raide datent tous deux de l’époque des grandes pyramides et posent la question de l’édification de ces dernières.S’ilestactéqu’ellesontétéconstruites au moyen de rampes, les recherches dans ce domaine buttent sans cesse sur le problème de la pente et de la manière d’acheminer des blocs pesant plusieurs tonnes jusqu’au sommet des pyramides (voir p. 60-63). À travers cette exposition, nous apportons des éléments de réponse à cette épineuse question. Quels dispositifs numériques avez-vous utilisés pour rendre le propos de l’exposition plus accessible au grand public ? Afin de mettre en condition les visiteurs et de les familiariser à l’environnement de la mission, un film sur grand écran les immerge dans le paysage désertique du plateau d’Hatnoub et dans l’ambiance du chantier archéologique. Plus loin, une des séquences de l’exposition traitant des inscriptions retrouvées sur les parois de la carrière P d’Hatnoub intègre un écran tactile avec lequel le public peut interagir. L’objectif est de faire comprendre au visiteur le procédé numérique utilisé par les épigraphistes de la mission Hatnoub permettant de rendre visibles des inscriptions peintes presque imperceptibles à l’œil nu (voir p. 30-35). • ◆ La mission Hatnoub en 20 . De gauche à droite : Roland Enmarch, Yannis Gourdon, Jérôme Fage, Olivier Lavigne et Vincent Morel. © Sameh Michel Elias ◆ Résidence d’archéologie expérimentale au musée et sites gallo-romains de Saint- Romain-en-Gal, avril 2022. © Musée et sites gallo-romains de Saint-Romain-en-Gal

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