Extrait Archéologia

Les Écoles françaises à l’Étranger forment un exceptionnel réseau de cinq établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Établies en Grèce (École française d’Athènes, 1846), en Italie (École française de Rome, 1875), en Égypte (Institut français d’archéologie orientale, Le Caire, 1880), en Asie (École française d’Extrême- Orient, Paris, 1898) et en Espagne (Casa de Velázquez, Madrid, 1920), elles relèvent du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et remplissent une triplemission de formation, de recherche et de diffusion en sciences humaines et sociales. L’archéologie occupe une place à part dans leurs activités, au point parfois de sembler dominer les autres domaines scientifiques qui, pourtant, rayonnent avec autant de dynamisme et d’éclat. Il est vrai que l’archéologie a joué un rôle fondateur dans l’histoire des Écoles. La première d’entre elles, fondée en Grèce sous le roi Louis-Philippe, a forgé le mythe d’une élite universitaire partie à la recherche des vestiges de l’Antiquité et chargée de représenter les nations savantes auprès d’un Orient jugé mal dégrossi. En ce début du XXI e siècle, les Écoles ont totalement changé de visage et l’archéologie qu’elles promeuvent se fonde sur la coopération, la technologie de pointe et la recherche innovante. La coopération est la base de leurs activités. Leurs missions archéologiques sont inscrites dans le contexte scientifique du pays hôte, en partenariat avec ses institutions, ses organismes de recherche et ses acteurs. Loin de tout enjeu partisan ou mercantile, ces missions répondent à des préoccupations exclusivement scientifiques et visent à développer les connaissances, affiner les expertises et contribuer à la diffusion des nouvelles informations. Les Écoles sont un réseau de savoirs. Les technologies de pointe mobilisées lors des campagnes de fouilles ou lors des études en laboratoires constituent un outil d’investigation récent, qui modifie notre regard sur les civilisations du passé et qui permet d’en explorer plus avant les richesses. Intégrées dans des programmes où collaborent des spécialistes de différentes nationalités, ces technologies ne relèvent plus seulement de la gestion habituelle des données de terrain ou de l’informatisation des résultats, mais offrent la possibilité de reconstitutions et de contextualisations infiniment plus précises et rigoureuses : elles accroissent de façon stupéfiante nos capacités à passer du site archéologique au territoire, du territoire à la société du passé, de la société du passé à notre présent. Les Écoles sont un réseau pionnier. Enfin, les Écoles innovent, tant par la quantité de nouvelles connaissances diffusées que par la nature inédite des investigations scientifiques qu’elles engagent. Bien des chantiers traditionnellement placés sous la responsabilité scientifique des Écoles sont aujourd’hui l’occasion de tester de nouvelles hypothèses, d’inventer de nouveaux procédés d’enquête ou de contribuer à la constitution de grandes bases de données dont le potentiel scientifique et les capacités se sont accrus à l’âge de l’Internet. Les enquêtes sur le passé humain deviennent d’autant plus rigoureuses et précises qu’elles s’appuient sur des sciences exactes, des séries documentaires statistiquement interrogeables, des outils multiscalaires aux exigences démultipliées. Écrire l’histoire du passé est peut-être un art, c’est surtout une science et cette science éminemment humaine et sociale qu’est l’archéologie a tout à gagner à fonder ses (re)constructions sur la rigueur de ses analyses et les preuves de ses hypothèses. Les Écoles sont un réseau d’avenir. C’est à la découverte de ces recherches des Écoles françaises à l’Étranger qu’invite ce numéro d’ Archéologia . Placé sous le signe de la collaboration et de l’innovation, il ouvre la porte à l’aventure de la science archéologique. Bonne lecture ! Les Écoles françaises à l’Étranger : l’avenir d’un réseau archéologique ÉDITO Francis Prost , professeur d’archéologie classique à l’université Paris 1-Panthéon Sorbonne

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