Extrait Archéologia

HORS SÉRIE 27 AU HALLSTATT MOYEN, 625-510 AVANT J.-C. Coupe en céramique non tournée ornée d'une frise de décors incisés, tumulus 6 de la nécropole du Freyssinel à Saint-Bauzile (Lozère). Coupe en céramique non tournée ornée d'une frise ininterrompue de décors incisés organisés en deux séquences parallèles, tumulus 6 de la nécropole du Freyssinel à Saint-Bauzile (Lozère). La décoration suggère également que certaines de ces parures étaient investies d'une symbolique spé- ciale, même si nous ne sommes plus en mesure de la décoder. En dépit de cette diversité, les formes et décors de ces objets traduisent l'existence d'un faciès de production bien identifié dans l'ensemble de la partie sud du Massif central. Les bracelets ronds sans ouverture et à décor d'incisions transver- sales barrées de lignes obliques, de même que les anneaux de cheville de section triangulaire montés en jambart* que l'on trouve à Mons, Laurie, Retournac, Sévérac-le-Château… en sont caractéristiques. D'autres parures relèvent d'un réseau de production plus vaste, qui englobe une grande partie de la zone la plus occi- dentale du domaine hallstattien auquel appartient le sud du Massif central. Une évolution du statut des femmes Toutes ces parures sont les vestiges de riches costumes, dont les principaux porteurs étaient des femmes. C'est du moins ce que laissent entendre la façon dont ces objets étaient arborés (souvent de manière symétrique, en nombre, et sur des parties du corps parfois spécifiques aux femmes) et les quelques déterminations sexuelles réalisées à partir de l'étude des ossements conservés. Des tombes d'homme paré existent aussi, mais les bijoux se limitent alors généralement à un bracelet, souvent à tam- pons. Comment interpréter ce basculement des dépôts funéraires au premier âge du Fer 2 (625-510 avant J.-C.), avec des parures féminines qui apparaissent désormais beaucoup mieux représentées que les armes ? Sans doute traduit-il moins une mutation des pratiques funéraires qu'un changement sociétal. La place des femmes évolue, dans le sud du Massif central comme dans une grande partie du domaine hallstattien, car certaines d'entre elles font figure désormais de personnages importants dans le domaine funéraire, au moment même où les tombes mas- culines deviennent plus difficile à identifier en raison de l'appauvrissement de leur mobilier d'accompagnement. Dans quelques nécropoles, on pourrait même envisager que certaines femmes aient pu accéder au statut d'an- cêtre fondatrice pour des familles. Ces changements observés dans les espaces sépulcraux semblent en outre faire écho à la réactivation d'une ancienne pratique qui était tombée en désuétude au premier âge du Fer 1, celle du dépôt métallique non funé- raire. Ces dépôts correspondent à des objets en métal volontairement soustraits à leur cycle de circulation, d'utilisation et de recyclage. Mais, à la différence de l'âge du Bronze, les dépôts métalliques non funéraires du premier âge du Fer 2 ne sont pra- tiquement constitués, dans le Massif central, que de parures en bronze féminines (armes et haches en sont absentes) : celui de Saint-Pierre-Eynac en est un des meilleurs exemples. De récents travaux ont montré que ces parures féminines en bronze avaient aussi été le support d'un intense réseau de circulation, et que certaines étaient parvenues, à l'état de fragments, dans des dépôts métalliques du Langue- doc, et même jusque dans des sites grecs ou indigènes de la Sicile, notamment dans des lieux de culte. Cela laisse supposer, à nouveau, que la parure de ces femmes était valorisée, et qu'elle pouvait servir à la fois de moyen d'échanges, de réserves de valeur et d'offrandes rituelles. À bien des égards, la situation privilégiée de certaines femmes, au premier âge du Fer 2, annonce la période suivante, marquée par les funérailles spectaculaires de la dame de Vix en Bourgogne.

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