Extrait Archéologia

4 Durant près de 24 mois, truelles et mi- nipelles ont dessiné dans le paysage du Val de Saône de curieux motifs. De tranchées en coupes stratigraphiques, de relevés topographiques en investigations minutieuses, les archéologues ont sillonné cet immense territoire à la recherche des traces du passé. La raison de ce chantier hors normes ? L’implantation d’un gazo- duc. Dans le cadre du développement de son réseau de transport de gaz naturel, GRTgaz a en effet engagé sur le terri- toire des travaux de grande ampleur, qui consistent en la pose d’un nouveau gazoduc, l’artère du Val de Saône, d’un diamètre de 1,2 m et de près de 188 kilo- mètres de long entre Etrez (01) et Voisines (52), en l’adaptation des interconnexions des sites industriels existants de Etrez (01), Palleau (71) et Voisines et dans le renforcement de la compression à Etrez (01). Avant de rendre possible cet amé- nagement, il a fallu sonder les sous-sols des territoires concernés par le tracé, afin de sauvegarder, par l’étude, les vestiges enfouis depuis des centaines, voire des milliers d’année dans le millefeuille du temps. Sur prescription de l’État (DRAC Alsace, Lorraine, Champagne Ardenne, DRAC Bourgogne Franche-Comté et DRAC Au- vergne Rhône-Alpes), l’Inrap a d’abord réalisé un diagnostic en 22 tronçons sur le tracé du gazoduc, sur une surface de 469 hectares. Les diagnostics positifs ont donné lieu à 37 fouilles archéologiques sur 26 communes différentes, permettant ainsi d’explorer la région sur plus de 14 hectares. Ce projet d’envergure a mobilisé, à l’In- rap, 111 agents opérationnels et admi- nistratifs et a représenté un investissement d’un peu plus de 6 500 jours-homme. 24 responsables d’opération ont dirigé les chantiers de fouilles qui ont rassemblés 90 archéologues sur le terrain et pour les études en post-fouille. 21 agents admi- nistratifs ont permis la mise en œuvre du projet : préparation des opérations, coor- dination, mise en sécurité des chantiers, conventions, montage du dossier, gestion des collections, communication, etc. Si l’emprise de l’aménagement du ga- zoduc n’est pas très large, la longueur du tracé et sa localisation en dehors des zones urbanisées ont été une remarquable occasion pour les archéologues d’explorer des territoires jusqu’alors peu fouillés et étudiés. Les fouilles ont permis de mettre au jour une grande variété de vestiges archéologiques qui attestent d’une occu- pation humaine de plus de 10 000 ans sur les territoires traversés. De la période préhistorique à l’époque moderne, ces découvertes et leur étude permettent d’en- richir la carte archéologique, de mieux saisir les dynamiques d’occupation de la région, les éventuels mouvements de population ou évolutions économiques, agricoles ou sociales. Grâce à cet aménagement, plusieurs sites d’importance ont ainsi pu être révélés par les archéologues. De la fouille à l’implantation du gazo- duc, cet important projet est au cœur de la vie des habitants du Val de Saône. Cette publication invite aujourd’hui les lecteurs à partir, le temps d’un tracé, à la découverte des premiers résultats de cette passionnante aventure archéologique. Le temps d’un tracé Deux ans de découvertes Photos : © Com’Air, Inrap

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