Extrait Archéologia

10 Le Bel-aimé des Anciens Importé d’Asie par les Grecs grâce à l’intermédiaire des Perses au V e  siècle avant J.-C., le coq gagne rapidement l’Europe. Dans la mythologie antique, il incarne un certain nombre de vertus, dont le courage, la virilité, la ponctualité, ou encore la combativité. Ainsi, il accompagne Minerve, Bellone (déesse de la guerre), Vénus, ou encore Esculape (dieu de la médecine). Oiseau sacré, le coq blanc est dédié plus précisément à Jupiter et à Mercure. Présent lors de l’accouchement douloureux de Latone donnant naissance à Diane et Apollon, il est également figuré sur le casque de Mars, dieu de la guerre. Si les Gaulois ne semblent pas avoir organisé de culte en son honneur, les Grecs puis les Romains lui accordent beaucoup plus d’importance ; le grand savant grec Pythagore recommande à ses étudiants de le nourrir, mais de ne pas le tuer ni le consommer, car l’animal est, depuis la naissance de Diane et d’Apollon, consacré au soleil et à la lune. En effet, annonçant la lumière du matin, il devient, d’une part, oiseau solaire, symbolisant l’immortalité de l’âme pour certains philosophes antiques (ce qui conduisit Socrate à demander à son ami Criton de sacrifier un coq à Esculape à la fin du procès le condamnant à mort). D’autre part, le volatile se voit doté de qualités d’augure. Friands de divination, les Romains s’attachent à ses qualités de prédiction de l’avenir : ils s’en remettent ainsi aux haruspices*, qui étudient les entrailles des poulets et qui pratiquent l’alectryonomancie (d’Alectryon), laquelle consiste à placer des graines sur un échiquier et à observer la manière dont les volatiles les mangent pour en tirer des prédictions fastes ou néfastes – coutumes dont Cicéron n’a pas manqué de se moquer ! Le coq, un symbole universel Coq en bronze. Trouvé dans la Saône, à Lyon, il accompagnait peut-être une grande statue du dieu Mercure. II e  siècle. H. : 57,5 cm. Paris, musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Tony Querrec Mercure sur char tiré par deux coqs. Il est accompagné de la Vigilance et environné d’amours qui représentent les Arts et les Sciences. L’Éloquence est couronnée de lauriers. Partie centrale du plafond du salon de Mercure dans les grands appartements du château de Versailles. Par Jean-Baptiste Champaigne, vers 1672. © RMN-Grand Palais (château de Versailles)/Daniel Arnaudet Parant avec talent un chapon de Bresse – le summum en la matière –, le cuisinier réalise-t-il qu’il tient dans ses mains expertes un symbole universel depuis des millénaires ? Présentons ici une première, et brève, histoire de ce gallinacé, qui règne en maître sur la basse-cour et sur les grands emblèmes de notre pays. Par Yves D. Papin, auteur de Le Coq, histoire, symbole, art, littérature , documentaliste honoraire de l’École alsacienne à Paris LE COQ EN MONTGOLFIÈRE ! Choisi « pour son fier courage », un coq fut embar- qué le 19 septembre 1783, à Versailles, dans un ballon des frères Montgolfier. Devant la cour réunie, il s’éleva à 500 m, pour être emporté par le vent dans les bois de Vaucresson, en compagnie d’un mouton et d’un canard, involontairement premiers astronautes en vol habité… LE SAVI EZ-VOUS ?

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