Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 621 / 47 CI-DESSUS. Le site d’Abu Saiba dans son environnement en avril 2020. © Ministry of Information of Bahrain PAGE DE GAUCHE. État du site en mars 2023. © Mission archéologique française à Bahreïn, David Duda le nombre, évalué à près de 75 000, a laissé une très forte empreinte sur le paysage archéolo- gique de l’île. Tylos aux marges du monde hellénisé… Vers 325 avant notre ère, Alexandre le Grand s’intéresse au golfe Persique que son ami- ral Néarque a parcouru à son retour d’Inde. Il envoie plusieurs expéditions de reconnaissance dont quelques auteurs antiques conservent le souvenir. Androsthénès de Thasos, en particu- lier, a décrit l’île de Tylos, nom qui n’est autre que la forme hellénisée de Dilmun. L’île est tou- jours prospère et se distingue par la culture d’un « arbre à laine », c’est-à-dire de coton. La mort prématurée d’Alexandre ne lui permet pas d’accomplir ses désirs de conquêtes de ce côté du monde, mais ses successeurs en Orient, les Séleucides, parviennent à mettre la main sur Tylos, qui devient un avant-poste de la défense maritime de leur royaume. Une garnison grecque s’y installe et la culture hellénistique Bahreïn, ce pays aux deux mers Au cœur du golfe Persique se trouve un petit archipel composé de 33 îles dont la plus impor- tante, Bahreïn, a tiré sa prospérité de la pré- sence d’abondantes sources artésiennes d’eau douce (la deuxième « mer » du nom arabe actuel du pays) et de sa position stratégique sur les voies maritimes en offrant aux bateaux ravitaillement et mouillage sûr. Dès la fin du III e millénaire avant notre ère, une riche civili- sation s’y développe, tirant profit de ses capa- cités agricoles (avec notamment la culture du palmier-dattier) et des relations que ses marins tissent avec les régions voisines, l’Inde, la pénin- sule omanaise, le sud iranien et la Mésopotamie, qui la désigne sous le nom de « Dilmun ». Une royauté apparaît, ainsi qu’une ville portuaire, sur le site de l’actuel Qal’at al-Bahreïn. Tout au long de son histoire, le pays de Dilmun a main- tenu un particularisme culturel affirmé, particu- lièrement visible dans ses coutumes funéraires. Pendant de nombreux siècles, les Dilmunites se font inhumer sous des tumuli individuels dont Depuis 2017, le CNRS et le musée du Louvre fouillent à Bahreïn une nécropole de l’époque du Tylos moyen (I er siècle avant notre ère - I er siècle de notre ère), période au cours de laquelle la culture de ce petit archipel du golfe Persique connaît un regain de prospérité grâce au boom des échanges entre le monde méditerranéen, l’Orient hellénisé, séleucide puis parthe, et le sous-continent indien. Sa culture locale, nourrie de nombreuses importations et imprégnée d’hellénisme, n’en garde pas moins de fortes spécificités, décelables dans ses pratiques funéraires que les fouilles actuelles permettent de préciser. / Par Julien Cuny / conservateur du patrimoine, département des Antiquités orientales, musée du Louvre

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